Publiés par la Direction générale des examens et concours (DGEC), les statistiques du Baccalauréat 2014 donnent imparablement raison à la réforme instituée par l’ex-ministre de l’éducation nationale concernant l’organisation des Bac 1 et 2.
La publication, par la Direction générale des examens et concours (DGEC), des statistiques de l’enseignement général, sonne véritablement comme les premiers résultats in vivo de la réforme de Séraphin Moundounga, ex-ministre de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur, sur l’organisation d’une première partie du baccalauréat (Bac 1) en classe de 1ère et une seconde partie en Terminale (Bac 2). Les objectifs visés par les états généraux de l’éducation qui avaient préconisé l’institution de ces deux parties du Bac étaient de débarrasser les élèves des matières accessoires dès la fin de la classe de 1ère, afin qu’ils puissent se consacrer uniquement aux matières fondamentales de leur série en classe Terminale.
Pour la première fois depuis l’établissement de cette mesure qui a fait couler tant d’encre et de salive, des élèves ayant passé le Bac 1 et n’ayant donc, en Terminale, plus qu’à passer leurs matières fondamentales viennent de passer le crucial examen. Et les chiffres récemment publiés par la DGEC n’en sont résolument qu’éloquents : le meilleur score revient aux «candidats au Bac 2 titulaires du Bac 1» qui réalisent un pourcentage de 81,14%, soit 3967 admis. Un taux de réussite qui prouve qu’en allégeant le travail des bachoteurs de Terminale grâce au Bac 1, les résultats finaux obtenus se rapprochent de ceux des pays européens, notamment la France où le taux de réussite du Bac général était de 82,4 % en 2013 et de 80,2 % cette année. Dans ce pays, une loi d’orientation adoptée en 1989 avait fixé un objectif : 80% d’une tranche d’âge au niveau bac. Ce qui, doit-on en convenir, devrait également être l’objectif du Gabon si le pays veut vraiment atteindre l’émergence économique visée.
Les statistiques du Bac d’enseignement général au Gabon, session 2014, établissent également que les «candidats au Bac 2 non titulaires du Bac 1» n’ont réalisé qu’un taux de réussite de 40,28%. Autrement dit, en passant l’entièreté des épreuves ou matières en classe de Terminale, les élèves de cette catégorie ont réalisé un score de plus de 50% en dessous de celui des candidats qui avaient le Bac1. De plus, dans cette catégorie des «candidats au Bac 2 non titulaires du Bac 1» le taux des ajournés a été de 54,90% alors que pour les élèves n’ayant à passer que leurs matières fondamentales, donc les «candidats au Bac 2 titulaires du Bac 1», le pourcentage des ajournés n’était que 18,86%.
Dans tous les tableaux élaborés par la DGEC, les candidats déjà détenteurs du Bac 1 ont damé le pion à ceux qui avaient toutes les matières à passer, parce que n’ayant pas ce Bac 1. Ainsi, dans le tableau des candidats ayant obtenu des Mentions, on dénombre 252 titulaires du Bac 1 contre 49 non titulaires du Bac 1.
Les faits sont là. Les résultats parlent d’eux-mêmes comme pour dire que la réforme initiée par Séraphin Moundounga est véritablement féconde. Ce qui amène au souvenir de ce que, auditionné à l’Assemblée nationale le 27 novembre 2013 alors qu’il était ministre de l’Education nationale, Séraphin Moundounga avait expliqué que «pour amorcer l’allègement de la surcharge d’épreuves au Baccalauréat, qui causait inutilement le stress aux candidats, les conclusions des Etats Généraux ont préconisé qu’une partie des épreuves, en rapport avec les disciplines accessoires de chaque filière, fasse l’objet d’un élagage en fin de classe de Première, sous forme de Bac 1. Ce qui permet aux enseignants et aux élèves de se concentrer sur les disciplines fondamentales de chaque série, pour approfondir leurs connaissances et leurs compétences dans ces disciplines qui vont être déterminantes pour leurs études supérieures et leur vie professionnelle, tout en maximisant leurs chances de réussite au Bac avec une bonne mention». De plus, l’actuel ministre de la Justice, Garde des Sceaux soulignait alors qu’une bonne mention favorise l’acceptation dans des meilleures universités et grandes écoles étrangères, alors qu’on ne se contentait plus, au Gabon, que de s’inscrire «dans les établissements privés, dédiés, dans beaucoup de pays étrangers, aux seuls bacheliers venant du Gabon, simplement comme une clientèle et non une jeunesse à valoriser et à former.»
Au sortir du laboratoire du Bac 2014, les résultats de la réforme querellée de Séraphin Moundounga démontrent indiscutablement que si elle est maintenue, le Gabon pourra dans quelques petites décennies se fixer et réaliser les mêmes objectifs que la France : 80% d’une tranche d’âge ayant le niveau bac. Ces chiffres devraient faire réfléchir ceux qui ont aujourd’hui la charge d’éduquer les enfants du Gabon. En tout cas, qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, Séraphin Moundounga vient de bénéficier d’une rémission, à travers les statistiques du premier Baccalauréat qui livre véritablement les premiers fruits de son «aggiornamento». L’année dernière, alors que ses réformes étaient extraordinairement controversées, il aurait donc pu citer Fidel Castro et lancer : «Condamnez-moi, peu importe, l’Histoire m’absoudra !». Les chiffres du Bac 2014 parlent en tout cas pour lui.