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A propos de projet de société: Victor N’diaye, un marionnettiste dans l’ombre d’Ali Bongo
Publié le jeudi 28 aout 2014   |  Gabon Review


Victor
© Autre presse par DR
Victor N’diaye, P-DG du cabinet Performances Management Consulting, concepteur du Plan stratégique Gabon


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Comment et pourquoi le P-DG du cabinet Performances Management Consulting, concepteur du Plan stratégique Gabon émergent est devenu incontournable dans l’entourage présidentiel.

Il a dirigé la rédaction de son programme de gouvernement. A la tête du cabinet Performances Management Consulting Victor N’diaye a livré à Ali Bongo un programme clef en main. Même si, à l’épreuve des faits, sa mise en œuvre ne semble ni aisée ni opportune, le Plan stratégique Gabon émergent (PSGE) semble être devenu le vade-mecum si ce n’est la Bible du président de la République et de ses collaborateurs voire de l’ensemble des agents publics. C’est précisément parce qu’il est certain de disposer de ces éléments programmatiques que, durant son interview du 17-août dernier, Ali Bongo n’a pas hésité à accuser Jean Ping de ne pas avoir de projet. Une rengaine que ne manque pas de répéter à l’envi, voire jusqu’à l’écœurement, le porte-parole de la présidence de la République à chacune de ses sorties publiques, convaincu qu’il est de détenir un précieux sésame. «Le Plan stratégique Gabon émergent planifie la transition d’un pays exportateur de matières premières vers une économie diversifiée et durable, avec le développement à l’horizon 2025 d’un aménagement équilibré du territoire, autour de dix pôles économiques», explique, à ce sujet, Victor N’diaye.
Il ne faut pas se méprendre sur la vision et le sens politique ou stratégique de cet homme de 51 ans, diplômé des Hautes études de commerce (HEC) de Paris et qui a débuté sa carrière chez JP Morgan à Francfort. Ce n’est pas parce qu’il a travaillé dans une banque réputée qu’il peut développer les éléments programmatiques adaptés au contexte gabonais. Si, dans un entretien au site lesafriques.com, il décrit l’Afrique comme «le continent qui présente le plus gros potentiel de développement au regard de ses immenses besoins en infrastructures, de son grand potentiel de gain de productivité, de ses richesses en terres agricoles, de sa position privilégiée de carrefour logistique d’un monde globalisé, et de son marché appelé à devenir, durant ce siècle, le second marché de consommation de la planète», il n’en développe pas moins des lieux communs. Et quand il définit l’émergence comme «le développement d’un important tissu d’entreprises, d’une classe moyenne aisée, instruite et exigeante (…), l’éradication de la pauvreté, avec des activités génératrices de revenus et des politiques ciblées d’aide, (…) la construction d’infrastructures d’intégration dans les transports, l’électricité ou les télécommunications, pour permettre l’érection de grands marchés régionaux», il fait dans le truisme.

Conseiller spécial d’Ali Bongo, Victor N’diaye était censé traduire ’’L’Avenir en confiance’’, projet de société de celui qui n’était encore que le candidat PDG à la présidentielle anticipée d’août 2009, en composantes, elles-mêmes déclinées en activités avec un chronogramme de mise en œuvre. «Vu que la candidat avait ramené la gestion d’un Etat à la mise en œuvre d’un programme de développement, sa mission était celle d’une formulation de projet classique. L’Avenir en confiance avait, en quelque sorte, identifié les problèmes, enjeux et piliers de la stratégie, il ne lui restait plus qu’à la décliner», commente un analyste de projets, poursuivant : «Au lieu de cela, il s’est lancé dans la formulation d’une multiplicité de plans sectoriels, pas toujours articulés», avant de trancher : «Je ne suis pas surpris que ce fameux PSGE soit en réajustement permanent, la version de juillet 2012 semblant la moins théorique et aussi la moins fumeuse». Et de s’interroger : «Comment peut-on parler de développement d’un pays sans penser aux réformes institutionnelles et structurelles ! Comment peut-on recommander la transformation d’administrations centrales en établissements publics sans se rendre compte que cela induit de graves modifications institutionnelles voire un changement de régime dans le cas d’entités rattachées à la présidence de la République».

Sur un plan purement stratégique, Victor N’diaye n’a cessé de gagner en influence. Si son compère Mactar Sylla est aujourd’hui l’un des gourous de la communication présidentielle, le représentant local de son bureau d’études, Kristine Ngiriye, est le véritable coordinateur général duBureau de coordination du suivi et d’évaluation du Plan stratégique Gabon émergent. Certains lui attribuent même l’exfiltration vers le gouvernement de Pacôme Moubelet Boubeya avec qui, dit-on, elle ne voulait plus travailler, le jugeant «pas à la hauteur de la tâche». «Elle se plaignait de tout faire, y compris de concevoir les ordres du jour des réunions du Bureau de coordination du PSGE», explique un fonctionnaire international familier des coulisses, ajoutant : «Elle disait à qui voulait l’entendre que Moubelet ne faisait rien, qu’elle n’avait jamais de retour quand elle lui envoyait un document pour avis et amendements».

Capacité d’adaptation

Victor N’diaye est certainement le plus discret et le moins médiatique des conseillers ou proches d’Ali Bongo que l’opinion désigne sous l’appellation ’’légion étrangère’’. Il passe inaperçu, mais cela ne le dérange pas de faire la leçon ou donner un cours magistral à l’ensemble du gouvernement. Il est peu expansif mais n’est nullement gêné de voir le président de la République et le Premier ministre prendre des notes durant son exposé. «Il n’est plus concevable, après ce séminaire, pour le gouvernement conduit par le Pr Daniel Ona Ondo, de suivre une marche aléatoire. Vous ne pouvez plus être victimes des circonstances», avait d’ailleurs lancé Ali Bongo au terme du séminaire gouvernemental de Franceville en février dernier, comme pour rendre hommage à son travail.

Derrière une apparence de technocrate, le P-DG de Performances Management Consulting est un prestidigitateur, un radoteur. Peut-être, une déformation gardée de son passage dans une banque qui a déjà essuyé un procès pour «pratiques inéquitables et trompeuses» ? Outre le Gabon, il a réussi à vendre le même produit à la Commission économique des Etats d’Afrique centrale (Cemac), au Bénin et au Tchad. Il est de ceux qui font croire que l’économie dirige la politique alors que c’est le politique qui décide et guide l’économie. Là où d’autres militent pour des partenariats public/privé, il continue à défendre l’idée que «les sociétés publiques peuvent être bien gérées». Stratégiquement cela se comprend, ses principaux clients étant des Etats.

Caution technocratique d’Ali Bongo, Victor N’diaye boit du petit lait. Depuis 5 ans, tout baigne entre son client et lui. «Sa capacité d’adaptation, la facilité avec laquelle il intègre tout dans le PSGE est un atout pour lui», explique un ancien journaliste au quotidien L’Union, qui précise : «La rapidité avec laquelle il a intégré des activités telles que le Plan climat, le plan d’affectation des terres, les bilans carbone ou le Gabon bleu dans son discours est aussi étonnante que révélatrice». Tout ceci explique pourquoi il n’a jamais fait de vagues et comment il a pu s’enraciner dans l’entourage présidentiel. A l’analyse, il n’a pas de quoi regretter. Tant qu’Ali Bongo sera à la tête du Gabon, ilsera assuré d’avoir un client, qui paie en plus. Et ça, c’est bon pour les affaires….

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