Les électeurs gabonais allaient voter nombreux samedi pour des municipales où la victoire semble déjà acquise au Parti démocratique gabonais (PDG) du président Ali Bongo face à une opposition affaiblie et divisée, sauf dans la capitale où le suspense demeure.
Environ 580.000 électeurs étaient appelés aux urnes pour élire leurs conseillers municipaux et départementaux. Pour la première fois au Gabon, le vote se fera sur la base d'un fichier électoral biométrique.
Le vote a démarré vers 8H30 locales (7H30 GMT), soit avec une heure et demi de retard à Libreville et à Port-Gentil, deuxième ville du pays, ont constaté des correspondants de l'AFP.
A l'école publique Roger Buttin à Port-Gentil, une quinzaine de votants s'étaient présentés à l'ouverture. "Je vote pour participer au développement de ma ville qui doit refléter l'image d'une capitale économique digne de ce nom", a déclaré à l'AFP Bertrand Mboula, un enseignant de 42 ans.
Ailleurs, de nombreux bureaux de vote ont ouvert en milieu voire en fin de matinée, "souvent à cause de l'absence des représentants des bureaux, seuls habilités à réceptionner les urnes", a expliqué à l'AFP un observateur international, Mohamed Fakihi.
Les retards de plusieurs heures observés dans certains bureaux de vote ont engendré de longues files d'attente sous un soleil écrasant. A l'école de Plein-ciel, un quartier populaire de la capitale traditionnellement acquis à l'opposition, près de 300 personnes attendaient pour voter.
"Il n'y a aucun représentant de l'administration et on est là debout depuis 07h00. Est-ce pour nous décourager de voter, pour qu'on parte?" s'est agacé Angué, un électeur.
Mais contrairement aux législatives de 2011, boycottées par une large partie de l'opposition, l'affluence a connu une progression significative au fil de la journée, notamment dans la capitale.
"C'est une élection très importante pour nous puisque nous expérimentons la biométrie", a déclaré le président Ali Bongo après avoir voté à l'Ecole urbaine du centre où des centaines de Gabonais attendaient leur tour, ajoutant que "ce processus doit nous amener à avoir une élection pacifiée".
Pour ce scrutin, le président met en avant son bilan économique et les nombreuses réformes entreprises depuis son arrivée au pouvoir en 2009 avec le slogan "Gabon émergent".
L'opposition "confiante" pour Libreville
Le PDG, qui dispose de 1.154 des 1.990 sièges municipaux depuis les dernières élections de 2008, est le seul parti à présenter des listes dans toutes les circonscriptions du pays et part une nouvelle fois favori.
Au total, 48 départements et 54 communes sont en jeu.
Après avoir longtemps hésité, l'opposition s'est finalement décidée à aller au scrutin, sa principale revendication depuis 2006 étant satisfaite avec la mise en place de la biométrie.
L'une des deux principales formations de l'opposition, l'Union du peuple gabonais (UPG), se présente considérablement affaiblie par des divisions internes depuis la mort de son dirigeant historique Pierre Mamboundou en octobre 2011.
Autre grand courant de l'opposition, l'Union nationale (UN), dissoute en janvier 2011, n'a pas le droit de se présenter. Ses cadres sont donc obligés de présenter des listes indépendantes - une quarantaine au total.
En revanche le suspense demeure à Libreville, où l'opposant Jean Eyéghé Ndong (indépendant, ex-UN), l'un des rares candidats déclarés à la mairie, possède de sérieuses chances de l'emporter, selon plusieurs observateurs.
Le dernier Premier ministre d'Omar Bongo passé dans l'opposition pourrait affronter des pointures de la majorité comme la secrétaire générale de la présidence Laure Olga Gondjout, bien que le PDG n'ait affiché aucun soutien officiel.
A l'école Martine Oulabou samedi, M. Eyéghé Ndong s'est déclaré "totalement confiant" sur l'issue des élections, alors que plusieurs électeurs l'apostrophaient d'un "Bonjour M. le maire!".
"On souhaite qu'il n'y ait pas de fraudes malgré la biométrie. Les Gabonais veulent l'alternance", affirme pour sa part Francis Abiague, un cadre de 45 ans, en fustigeant "l'insalubrité et l'état des routes" dans la capitale après des années de gestion par le PDG.
D'après une source proche du ministère de l'Intérieur, les premières estimations devraient être connues en début de semaine prochaine, "mardi au plus tard".