Convaincu que l’opération visant officiellement à faire la lumière sur les détournements financiers ne tourne en une chasse aux sorcières, le collectif de l’opposition affirme être disposé à y mettre du sien.
Décidemment, la mise en branle d’une enquête visant à déterminer les responsabilités dans les crimes économiques et financiers ayant coûté à l’Etat gabonais 400 milliards de francs CFA au cours des 10 dernières années, n’a pas fini de susciter des réactions en chaîne. Constitué en grande partie de personnalités ayant assuré, plusieurs années durant la gestion des finances publiques, et convaincu que cette enquête pourrait avant tout viser ses membres, le Front de l’opposition pour l’alternance s’est dit paré en cas d’attaque.
A la faveur d’une déclaration faite le 23 août dernier au siège de la prohibée Union Nationale (UN), par l’entremise de Jean-Pierre Rougou, les signataires de cette entité politique née le 19 juillet 2014, ont interpelé l’opinion sur les manières peu élégantes d’Ali Bongo d’écarter ses potentiels adversaires de 2016. Pour tout dire, ils y voient les prémisses d’une chasse aux sorcières qui ne dit pas son nom. «A partir de ce jour, nous profiterons de chaque dossier, de chaque occasion, pour rappeler les actes posés par les uns et les autres au cours de la longue durée du pouvoir Bongo. Nous travaillerons à élucider les zones d’ombre et à mettre en exergue le passif…tout le passif», a menacé le collectif de l’opposition pour qui cette opération s’apparente à «une simple manipulation politicienne et un outil de chantage». «En décidant de faire maintenant toute la lumière sur le crime odieux de la prédation des deniers et biens publics, Ali Bongo a fait un pas d’autant plus grand qu’il répugnait jusqu’ici à le résoudre», lui qui détient l’«Autorisation présidentielle de détourner, (APD)».
Se disant prêt à apporter du sein à cette opération, le Front appelle à plus de responsabilité et d’impartialité de la part des magistrats. D’autant plus que «les Gabonais n’accepteront pas qu’Ali accable certains, dont quelques lampistes sans envergure, pour garder à l’abri ceux, connus de lui et de nombre de Gabonais, qui ont mis et continuent de mettre le pays dans l’état où il est». De même, annonce le Front dont les signataires se disent désormais libérés de leur droit de réserve, «nous sommes prêts à témoigner sous serment devant les magistrats et à sortir tous les dossiers que nous avons sur la question». Les jours à venir s’annoncent donc riches en révélations de toutes parts.
Par ailleurs, le Front uni de l’opposition, au terme de sa déclaration, a tenu à faire une mise au point en rapport aux «agressions» proférées par le président de la République contre Jean Ping, le 17 août dernier. Et pour ce faire, il a lancé : «Il n’y a rien d’anormal dans un pays qui se veut démocratique que le pouvoir travaille sous le contrôle diligent et critique d’une opposition. Celle-ci traduit les récriminations des populations, et œuvre à l’alternance.» Pourtant, réalisent les mêmes opposants, «l’Emergent en chef, le cerveau embrumé par des relents monarchistes, a visiblement du mal à s’y faire depuis 2009. On pourrait dire : «tant pis ! Il s’y fera!» ».