Le démantèlement des équipements censés servir à la construction de la marina du front de mer de Libreville est engagé depuis bientôt une semaine.
Les automobilistes pratiquant le boulevard de l’Indépendance (Bord de mer) ont été fort gênés, en milieu de semaine dernière, par des camions lourdement chargés d’équipements technique qui quittaient le chantier du Champ Triomphal Port-Môle au niveau de l’ancien gouvernorat de l’Estuaire.
Amené à parler de ce qui semble être un arrêt de ce chantier, lors de son entretien avec la presse nationale le 17 août dernier, Ali Bongo a expliqué : «L’Etat a fait un effort important pour démarrer ce chantier. Aujourd’hui nous sommes simplement dans une discussion, une redéfinition, avec les privés. Car, au départ les investisseurs doutaient un peu. On a démarré le chantier. Les investisseurs voient que le chantier a démarré et nous avons la demande de certains investisseurs privés qui souhaiteraient participer. Donc, plutôt que d’aller en avant n’importe comment, on a décidé de ralentir un tout petit peu pour avoir une discussion avec les privés qui veulent continuer à participer dans ce projet avec nous. Donc ça n’a rien à voir avec les rumeurs qui disent que nous serions en cessation de paiement ou pas, même s’il est vrai qu’à l’heure actuelle la priorité pour nous c’est de pouvoir soutenir le programme d’investissement humain. Mais, ce chantier est sur de bonnes roulettes, comme les autres chantiers sur le territoire et il faut que ça marche. On ira jusqu’au bout.»
Pourtant, il semble que la mi-temps décrétée par les autorités gabonaises pour ce chantier de marina prend une autre tournure. En effet, la société adjudicataire du marché, la China Harbour Engineering Company Ltd (CHEC), filiale de China Communications Construction Company Ltd (CCCC), ne s’empêche pas, ainsi qu’on a pu le constater avec l’embouteillage susmentionné de la semaine dernière, de procéder au démontage de certains engins-outils visiblement d’importance.
Les Chinois de la CHEC ne compteraient-ils pas parmi les investisseurs privés qui discuteraient avec l’Etat, ainsi que l’a indiqué le chef de l’Etat ? Car, outre les camions parqués sur le site et la centrale en mode arrêt total, les grands tuyaux métalliques servant à draguer le sable sont, depuis bientôt une semaine, progressivement désarticulés pour être rapatriés vers la Chine. «Actuellement, les Chinois ont déjà chargé un bateau posté au large, le second est à moitié plein en attendant le départ pour leur pays. Ce sont les consignes qui ont été données, vu les quantités importantes de matériaux à ramener», explique, sous le couvert de l’anonymat, un ouvrier gabonais rencontré à la périphérie du chantier.
Ainsi, du fait d’un flou artistique entretenu sur ce dossier, la quasi-totalité des ouvriers a été mis en congé technique, révèle l’ouvrier gabonais sus cité. La centaine d’agents chinois qui s’activait sur ce chantier a été rapatriée ; seule une dizaine a été maintenue pour assurer un service minimum en contrepartie de 50% du salaire mensuel convenu. «Vous-même vous voyez, on entend même plus de bruit sur le site. Nous chargeons les bateaux venus de Chine, car il n’y a plus de travail ici pour nous. Notre contrat est terminé. Mes collègues Chinois sont déjà rentrés. Certains d’entre eux attendent que le Cedoc leur délivre leur autorisation de sortie et c’est lent, on les fait attendre», a confié un autre employé gabonais abordé dans un petit restaurant non loin du chantier. Une source proche du dossier affirme qu’en attendant que l’État trouve les voies et moyens de sauver ce projet, il a été demandé aux Chinois de rentrer chez eux, en espérant qu’une fois les choses rentrées dans l’ordre, ils pourront revenir pour poursuivre les travaux.