Lors d’un entretien à la télévision d’État, M. Bongo s’est livré à son exercice préféré : l’art de la calomnie , de la désinformation, pour mieux tenter d’endormir les consciences.
Mme Mengue M’Eyaà, et M. Ping, lors de la présentation à Sciences po, à Paris, de son ouvrage: "eclipse sur l’Afrique: fallait-il tuer Kadhafi?"
Ainsi, pour faire oublier les attaques racistes de son conseiller, qui a appelé au meurtre des fangs, il accuse Jean Ping d’être xénophobe parce que celui-ci a remis en cause la présence de M. Accrombessi ,béninois, comme directeur de cabinet.
Après avoir consacré à peine 10 minutes aux questions touchant les Gabonais, comme l’éducation ou comme la santé, le reste des propos d’Ali Bongo a consisté en des attaques personnelles à l’endroit de M. Ping reposant évidemment sur aucun début de vérité. Est-ce à dire que le régime est en situation de panique ? C’est effectivement le cas sachant que des responsables du parti-Etat ne cachent plus leur envie de le lâcher plus vite que prévu.
M.Ali Bongo a accusé l’ancien ministre des Affaires étrangères d’Omar Bongo d’être « xénophobe » en raison de la situation de M. Accrombessi. Or, tous les emplois d’un certain niveau de responsabilités d’État , et de souveraineté, dans tous les pays du monde doivent être confiés à des nationaux. Tel n’a pas été le choix de M. Ali Bongo, qui, s’est ensuite dépêché de tenter de rattraper l’impair en lui octroyant récemment la nationalité gabonaise.
La polémique Accrombessi est symptomatique des sujets qui crispent Ali Bongo de manière quasi affective à l’endroit de son directeur de cabinet. Alors que de jeunes étudiants mettent en danger leur vie par une grève de la faim pour des conditions d’études décentes, à quelques centaines de mètres du défilé du 17 août, donc à proximité de la tribune présidentielle. M. Bongo devient hystérique à l’idée que soit remise en cause la position de M. Accrombessi. Chacun jugera des priorités qui sont les siennes.
L’accusation de « xénophobie » envers M. Ping est absurde et injustifiée. M. Bongo a cité le cas de M. Dossou qui avait été directeur au ministère des hydrocarbures. Or, M. Dossou était arrivé au Gabon à la suite de son mariage avec une femme gabonaise,Mme Dossou – Naki, et de ses études à l’Institut français dupétrole. Après cela, étant installé au Gabon, il a connu une carrière au sein des institutions gabonaises sans qu’il ne lui soit reproché quoi que ce soit. Beaucoup de Gabonais, de toutes origines, ont pu ainsi évoluer dans leur vie professionnelle au Gabon , sans qu’il n’y ait eu la moindre « xénophobie ».
En revanche, M. Bongo n’a pas dénoncé les propos génocidaires et racistes de son conseiller, M. Atangana, qui a appelé au meurtre des fangs au Gabon, et particulièrement ceux de la province du Woleu-Ntem dans une tonalité qui rappelait Radio Mille collines du Rwanda.
Un de ses autres arguments est de dire qu’il a recommandé M. Ping auprès d’Omar Bongo en 1972 pour ainsi se construire une carrière politique ancienne, ce qui n’est pas crédible. Chacun sait qu’en 1972, lors de la nomination de Jean Ping à la direction du cabinet d’Omar Bongo, Ali Bongo tentait d’être musicien et menait des études avec une médiocrité reconnue par tous à tel point qu ’il a dû rapidement abandonner. Il majore donc son emprise sur l’ex-président Omar Bongo.
A titre personnel, je me rappelle de cette période sous laquelle Franck Ossey, mon père, ambassadeur, ancien premier conseiller de l’ambassade du Gabon à PARIS, a représenté le Gabon à l’UNESCO dont le directeur général était René Maheut puis M. Mbow ;Ce dernier souhaitait en effet prendre M. Ping dans son cabinetjusqu’à ce qu’on apprenne qu’Omar Bongo voulait en faire son propre directeur de cabinet. Les deux frères de M. Ping étaient considérés comme des opposants.
Ses deux frères, Pierre-Louis Agondjo Okawe, et Joseph Redjambe, étaient persécutés par le régime. Conformément aux méthodes d’Omar Bongo de l’époque, il fit un coup politique en contraignant Jean Ping à travailler avec lui à son cabinet aux fins de division d’une famille, ce qu’il n’ajamais réussi. C’était alors une pratique en Conseil des ministres de nommer les personnes sans leur accord préalable afin de générer des contradictions internes. Je confirme les propos de M. Ping.D’ailleurs, jamais Omar Bongo n’a envisagé qu’Ali Bongo soit un jour chef de l’État du Gabon. Mais, Nicolas Sarkozy, Guéant et Bourgi en ont décidé autrement après sa mort.
Enfin,dernier argument de M. Bongo, il convoque Manuel Valls et Anne Hidalgo à la rescousse de M. Accrombessi faisant entendre que ces élus français, d’origine espagnole, ont finalement un parcours similaire à son directeur de cabinet, ce qui est insultant pour ces deux personnalités qui ont été brillamment élues au suffrage universel , ce qui n’est pas le cas de M. Accrombessi et de son patron Ali Bongo arrivés au pouvoir en 2009 à la suite d’un coup d’État électoral. C’est d’ailleurs le sujet que le régime essaie de faire oublier.
Dire que M. Ping est digne d’appartenir au Front national est une outrance langagière dont il est coutumier. Il faut rappeler leur parcours depuis 2009 :
-Le régime a fait interdire l’Union nationale, principal parti d’opposition d’où est issu le président élu, André Mba Obame.
-Des médias sont mitraillés (TV plus) ou interdits de publication régulièrement (Echos du Nord).
-Des responsables politiques ou syndicaux sont arrêtés.
-Il est incapable de mener le moindre dialogue ou la moindre négociation, mais tente d’intimider ou de détruire les oppositions sociales ou politiques.
-ll bafoue les droits fondamentaux des Gabonais.
-Par ailleurs le pays connaît une crise de développement sans précédent avec le recul des principaux indices de développement humain dans tous les secteurs, ce malgré l’aide internationale et française. Compte tenu de la faible fiabilité des instruments de mesure de la croissance gabonaise les 6 % de croissance annoncés par le régime sont plus que suspects.
Le FMI n’a d’ailleurs pas validé les chiffres de croissance et l’état de l’économie réelle du Gabon.
En réalité, la sortie langagière de M. Bongo apparaît comme une tentative malheureuse de souder son camp derrière lui . La base ethnique d’où Omar Bongo est issu ne le soutient pas car il l’a constamment méprisée. Il tente ainsi de se construire une histoire politique à usage des responsables français, européens et au-delà,dans laquelle il se veut incarner une sorte de défenseur des valeurs opposées à celles du Front national, opérant à son profit une sorte de détournement d’un combat politique qui n’est pas le sien,compte tenu de ce qui s’est passé au Gabon depuis 2009.
Notons enfin que M. Ping ne peut s’exprimer dans les médias d’État au Gabon qui lui refusent un droit de réponse et qu’il est donc obligé de recourir à RFI pour faire entendre sa voix ou simplement dans l’écho du Nord dans lequel il a pu donner son droit de réponse. Il n’a pu donc répondre directement aux Gabonais car les médias ne sont donc pas libres et indépendants.
Alors,qui a les méthodes du Front national ? Et qui se réfère au Front national ?
Les opposants « haïssent » Ali Bongo ? Non, car il ne s’agit pas d’affect. Il s’agit de l’accession illégitime au pouvoir d’un individu qui ne respecte pas le suffrage universel et que les Gabonais souhaitent voir partir. Le Gabon ne saurait être une république héréditaire.
Mengue M’Eyaà,
Présidente du Conseil exécutif
Mouvement Civique du Gabon