A quelques heures du lancement de la saison de football, l’Etat n’a toujours pas réuni les 11,5 milliards de francs nécessaires à son déroulement. Une situation qui laisse entrevoir, une fois de plus, une saison en dents de scie.
Promis à des lendemains radieux après sa professionnalisation lors de la saison 2012-2013, le championnat national de football peine toujours à prendre son envol. L’Etat a de plus en plus de mal à tenir ses promesses alors qu’il s’était engagé, il y a 2 ans, à apporter un financement sur une période 5 ans. A titre d’exemple, sur les 11,5 milliards de francs que nécessitait l’organisation de la saison 2013-2014, la Ligue national de football (Linaf) n’a encaissé que 2,4 milliards. Ainsi, les équipes attendent encore de percevoir les subventions de mars, avril, mai et juin, mais également les primes de matches et de classement. Dans le même temps, de nombreux fournisseurs attendent toujours le règlement de leurs factures. Une situation qui pèse sur les performances des joueurs, tandis que le championnat national est très souvent interrompu et discrédité. D’où, les inquiétudes sur la saison 2014-2015, dont le démarrage est prévu ce 23 août.
A y regarder de près, l’on comprend que l’Etat semble supporter la quasi-totalité des charges des clubs engagés dans le National Foot. Or, il avait exigé que chaque club soit capable de fonctionner sur fonds propre et que la subvention ne soit qu’un appoint. On est visiblement bien loin de ce schéma car l’ensemble des clubs s’en remet à l’Etat, à l’exception de Mangasport et Sogea FC, respectivement soutenus par la Compagnie minière de l’Ogooué (Comilog) et Sogea. Que peut donc la Linaf face à cette situation ? «La saison dernière, et c’est l’une des satisfactions, nous avons conclu un accord de partenariat avec Airtel, qui s’est engagé à mettre à la disposition de la Linaf la somme de 500 millions de francs. La même somme sera versée pour la saison à venir, avant de finir avec un montant d’un milliard de francs au cours de la troisième saison de contrat», explique le président de la Linaf, qui poursuit : «L’objectif pour nous est de multiplier ce genre de sponsors. Notre plan marketing prévoit d’atteindre la barre des 5 sponsors officiels et un sponsor principal, qui donnerait son nom à la compétition». «Un sponsor vient vers vous parce qu’en retour, il a un intérêt : sa visibilité tout au long d’une compétition qui dure 9 mois. Lorsque que vous êtes obligés de jouer la même compétition en 5 mois, le sponsor ne trouve plus le même intérêt. Ces retards nous ont fait perdre des potentiels partenaires avec lesquels il va falloir renégocier», souligne Joël Anicet Birinda.
Pour ainsi dire, pour que les sponsors se bousculent, le championnat national se doit d’être attractif. Ce qui, à l’heure actuelle, est loin d’être le cas, eu égard à la qualité du spectacle offert. On en veut pour preuve l’affluence dans les stades, avec seulement 79,2 millions de francs de recettes lors de la saison 2013-2014. Pire encore, l’expansion médiatique est quasi inexistante avec très peu de matches retransmis en direct, faute de moyens. Il y a donc beaucoup de chemin à faire. Et la tâche s’annonce ardue pour la Linaf, car en 2017 fini les subventions de l’Etat. Pour les plus pessimistes, cette échéance marquera purement et simplement la mort du football gabonais.