Estimant que l’admission des lycéens grévistes de la fin au Baccalauréat sur la base d’une moyenne de 8/20, décidée par le ministre en charge de l’Education nationale, s’est faite en violation des dispositions réglementaires, le Syndicat des enseignants et chercheurs demande à ses membres, par ailleurs présidents des jurys, de ne pas apposer leurs signatures sur les attestations de réussite.
En voulant tenir la promesse qui lui aurait valu une génuflexion sur le parvis de la cathédrale Notre-Dame de l’Assomption de Libreville, le ministre de l’Éducation nationale aurait choisi de violer successivement deux décrets et une note explicative, en décidant d’octroyer le Baccalauréat aux élèves recalés du Bac 1 ayant obtenu une moyenne supérieure ou égale à 8/20. Il s’agit des articles 34 du décret 450 du 19 avril 2013 stipulant que «l’admission définitive au Baccalauréat est prononcée pour les candidats ayant obtenu une moyenne de 10/20» et 14 de l’arrêté du 25 juin 2014 qui dispose que «le président du jury est garant de la fiabilité du Baccalauréat, en veillant par une présence effective, à crédibiliser la signature apposée au bas de l’attestation de réussite», mais aussi de la note explicative du 27 juillet 2014 selon laquelle «l’admission au Baccalauréat est prononcée pour le candidat qui a une moyenne d’au moins 10/20 à la 1e partie du baccalauréat et encore une moyenne d’au moins 10/20 à la deuxième partie du Baccalauréat».
Surpris par la violation de ces dispositions réglementaires par un ministre de la République et pour des raisons juridiques, éthiques et scientifiques, les présidents des jurys, soutenus par le bureau du Syndicat national des enseignants et chercheurs (Snec), ont refusé d’apposer leurs signatures sur ce qu’ils qualifient d’«attestation de réussite au Baccalauréat de la honte, édition Léon Nzouba 2014», malgré les tentatives de corruption auxquelles ils font face. «Comment un ministre, après que les jurys souverains aient recalé les élèves, peut décider de leur admission à partir d’une moyenne de 8/20», s’est interrogé le président du Snec, au cours d’une rencontre avec la presse, le 20 août dernier, commentant : «Le ridicule ne s’arrête pas là, puisque la direction générale du Bac, sur instruction du ministre de l’Éducation nationale, délivre des relevés de notes aux élèves avec des moyennes inférieures à 10/20, signés d’un inspecteur peu scrupuleux et accompagnés d’une attestation de réussite au Bac ». Et de fustiger, quelque peu amer : « Le Gabon est probablement le seul pays où l’on gagne un examen avec une moyenne inférieure à 10/20». «Comment peut-on poser de tels actes, quand on sait que la mondialisation et les défis internationaux nous imposent de cultiver chaque jour l’excellence ? N’est-ce pas une contradiction flagrante par rapport aux objectifs d’émergence de notre pays à l’horizon 2025 ? Est-ce avec une jeunesse capricieuse, manipulée à la solde du politique qu’on atteindra de tels objectifs ?» se sont encore interrogés les enseignants-chercheurs.
Conscient des dangers relatifs à cette situation qui ne participera qu’à déshonorer le Gabon à l’international, à cultiver le goût de la facilité au sein de la jeunesse gabonaise, le Snec sollicite l’intervention du Premier ministre ou du président de la République afin de «rassurer l’opinion nationale et internationale sur la valeur que le gouvernement accorde au premier diplôme universitaire».