Avec deux cas seulement connus jusqu’en août 2009, au moment de sa tonitruante expérimentation par l’actuel secrétaire général de l’Union du peuple gabonais, le refus de s’alimenter a ravi la vedette aux protestations violentes.
Méconnue ou mal connue il y a quelques années, la grève de la faim est en train de devenir la méthode de contestation la plus prisée au Gabon. Elle marque un renouveau, le début d’une ère de militantisme revendicatif basé sur la violence sur soi et non sur autrui ou les édifices publics.
L’acte est fort, mais le défi reste entier quant à l’obtention d’un résultat satisfaisant au même titre que ceux qui usent d’autres formes de lutte. De 2009 à aujourd’hui on recense 17 cas de protestation connus: l’Ambassadeur Sylvestre Ratanga en décembre 2005 ; Désiré Ename, le directeur d’Echos du Nord en octobre 2006 ; Bruno Ben Moubamba et André Mba Obame en 2009 ; un étudiant gabonais en Tunisie ; le conseiller économique Laurent Désiré Aba’a et Théophile Jimmy Mapango, écrivain et conférencier gabonais, en 2011 ; 9 leaders de la Conasysed ; 19 étudiants détenus à la DGR ; des anciens agents de Gabon Fret ; 2500 élèves de terminale ; Bruno Ben Moubamba (encore) en avril 2013 à Ndende ; des employés du Conseil économique et social ; des élèves recalés au Baccalauréat ; des étudiants de l’université Omar Bongo ; des stagiaires de l’École nationale des instituteurs et des anciens agents de la Caisse nationale de sécurité sociale. De toutes ces initiatives, seules 3 ont porté du fruit.
À travers un renoncement à la violence à l’image de Gandhi ou de Martin Luther King, ils sont désormais des centaines à avoir privilégié ce recours plutôt qu’un autre. Les frustrations faisant désormais partie du quotidien des Gabonais, le refus des injustices sociales semble être la première cause pouvant conduire à cette extrémité, qui peut se définir comme un suicide silencieux.
Différenciée d’autres types d’abstention alimentaire tels que l’anorexie mentale, la sitiophobie (refus d’aliments de certains délirants), le Ramadan ou autre forme de jeûne, la grève de la faim est un refus de s’alimenter exprimé par une personne dans le but de protester, contester ou revendiquer soit contre un régime pénitentiaire, soit contre l’autorité judiciaire ou contre une autorité étatique.