ertement critiqué par l’ancien président de la Commission de l’Union Africaine, le président de la République s’est défendu lors d’une interview accordée à la télévision nationale le 17 août, accusant son contempteur de ne pas avoir de projet politique.
Ali Bongo ne pouvait pas laisser passer ça. A l’occasion d’une interview accordée à la télévision nationale en marge de la célébration du 17-août, le président de la République s’est défendu contre les critiques virulentes de l’ancien président de la Commission de l’Union Africaine à son encontre.
Raillerie entre chefs d’Etats
Anecdotique et non sans humour, Ali Bongo a rappelé : «Pour parler de monsieur Ping, il se trouve qu’il est sans emploi et lors de mon récent séjour aux États-Unis avec certains chefs d’État africains qui, en plaisantant, me disaient que monsieur Jean Ping se trouvant sans emploi, n’a rien trouvé de mieux que de vouloir mon emploi. C’est la blague qui circule dans le milieu des chefs d’État et, dans la même ambiance, beaucoup se sont retournés vers le président Zuma en disant «Jacob tu vois le problème que tu cause à Ali, tu as pris l’emploi de Ping et maintenant Ping en veut à l’emploi d’Ali.»
Ali Bongo a affirmé ne pas avoir de problème avec Jean Ping. «Ce que les Gabonais doivent savoir est que je n’ai pas de problème avec M. Jean Ping, même si, lui, il a un problème avec moi. Je constate simplement qu’il s’est joint à la cohorte d’un certain nombre de leaders politiques qui n’ont, vis-à-vis de ma personne et du parti que je représente, que de la haine. Il n’y a pas de projet politique», a-t-il lancé.
Entre autocratie et Front national
Lors de son passage sur France 24, Jean Ping avait notamment affirmé que «nous sommes gouvernés par un autocrate, entouré par ce nous appelons une légion étrangère dirigée par Maixent Acrombessi, directeur de cabinet d’Ali Bongo, qui est le véritable président du Gabon». En réponse de quoi, le président de la République feint l’étonnement, avant de renvoyer son contempteur vers l’extrême droite. «C’est moi que monsieur Jean Ping appelle un dictateur autocrate», a-t-il interrogé avant de poursuivre : «Les propos que Jean Ping a tenus sur France 24, certainement lui auraient ouvert, alors là, tout de suite, les portes du Front national». Au sujet de la nationalité de son directeur de cabinet, Ali Bongo s’est défendu en affirmant que «Monsieur Jean Ping, lui-même, a été ministre du Pétrole. Il a eu comme collaborateur Monsieur Samuel Dossou-Aworet, qui était le patron de la direction générale qui gère tout le pétrole gabonais. Vous l’avez entendu se plaindre, que Monsieur Dossou était étranger ? Non.»
Entretien d’embauche
Et l’on apprend que c’est Ali Bongo qui a trouvé un emploi à Jean Ping, alors qu’Omar Bongo cherchait un nouveau directeur de cabinet. A cet effet, dans une short-list notamment suggérée par Albert Yangari, «il y avait le nom de Jean Ping qui a l’époque était notre ambassadeur à l’Unesco. Le président de République a trouvé cela intéressant et m’a ordonné de le rencontrer et de discuter avec lui. C’est ce que j’ai fait en appelant monsieur Ping à Paris où nous nous sommes rencontrés chez moi. Nous avons discuté à bâtons rompus pendant plus de deux heures, moi je savais pourquoi mais lui non. Quand je suis rentré, j’ai fait mon rapport qui était positif au président. Quelques mois plus tard, Jean Ping devenait directeur de cabinet. C’est pour dire que moi j’ai jamais rien faire pour nuire à Jean Ping.»
Le père Kadhafi, Ping la tête à claques et le Conseil de sécurité
Toujours anecdotique et comme pour surfer sur le dernier livre de Jean Ping, Ali Bongo a raconté : «Pour être un peu plus récent, j’étais candidat déclaré pour le PDG à la présidence de la République lorsque j’ai reçu monsieur Bachir Saleh communément reconnu comme le directeur de cabinet du colonel Kadhafi. Ce dernier m’indiqua que le colonel Kadhafi se considère comme mon père. Moi, ayant perdu le mien je n’avais pas à m’inquiéter : j’avais donc un second père et qu’il était prêt à m’apporter tout le soutien que je souhaitais et que je désirais, mais à une condition : que je me débarrasse de Jean Ping, il voulait que nous puissions amener Jean Ping à quitter l’Union africaine car il gêne énormément le colonel et de l’aveu de son directeur de cabinet, il n’avait jamais vu son patron dans une aussi grande colère parlant de quelqu’un comme ça. Que lorsque Kadhafi parlait de Jean Ping il semblait même qu’il était à deux doigts de le gifler. J’ai répondu à monsieur Saleh que Jean Ping est un compatriote Gabonais, un ancien collaborateur de mon père et un membre du même parti que moi et que, je n’ai même pas encore été élu que le premier acte qui serait le mien serait de me débarrasser d’un compatriote. Pas possible ! Je n’en avais ni le désir ni le pouvoir. J’ai raconté cela à Jean Ping qui m’a dit oui, il souffre beaucoup et que la situation était vraiment pénible.»
Ali bongo a expliqué, au sujet du vote, le 26 février 2011, de la résolution de l’ONU imposant des sanctions contre la Libye, que «ne supportant pas les actes répréhensibles terribles du colonel Kadhafi en bombardant son propre peuple, cela nous a amené à voter la résolution pour autoriser la force contre la Lybie et j’ai été le dernier chef d’État à autoriser à notre ambassadeur de voter, vu le temps de consultation et de la réflexion.» Mais, a indiqué le président gabonais, «que n’a-t-il pas été notre étonnement aujourd’hui, de voir le même Jean Ping écrire pour soutenir Kadhafi.»
On en passe. La sortie du chef de l’Etat puait en tout cas le règlement de comptes. De nombreux observateurs estiment, du reste, que le président de la République a manqué de tact en réagissant aux propos de Jean Ping. D’autres estiment même qu’Ali Bongo a porté un sacré coup à son image en affirmant que c’est lui qui avait introduit Ping dans le cabinet de son père, Omar Bongo. La guerre est visiblement déclarée entre les deux hommes et la présidentielle de 2016 promet déjà d’être sans merci.