Face à une opposition affaiblie, la victoire semble promise au Parti démocratique gabonais (PDG) du président Ali Bongo Ondimba lors des élections municipales de samedi, après une campagne discrète qui n’a pas mobilisé les foules.Quelque 600.000 Gabonais sont appelés aux urnes pour élire leurs conseillers municipaux et départementaux.Pour la première fois au Gabon, le vote se fera sur la base d’un fichier électoral biométrique. Dans la foulée auront lieu les élections indirectes des maires et des sénateurs.Le PDG, qui dispose de 1.154 des 1.990 sièges municipaux depuis les dernières élections locales de 2008, est le seul parti à présenter des listes dans la totalité des circonscriptions en jeu, et part une nouvelle fois favori."Le PDG va certainement remporter cette élection. Nous sommes les seuls à disposer d’un programme cohérent", affirme le secrétaire général du parti, Faustin Boukoubi. Pour ce scrutin, le président Ali Bongo met en avant son bilan économique et les nombreuses réformes entreprises depuis son arrivée au pouvoir en 2009 avec le slogan "Gabon émergent".
"L’objectif du PDG est simplement de continuer à monopoliser le pouvoir. Ces élections -les dernières avant la présidentielle de 2016- ne laissent présager aucune ouverture ni alternance" pour l’avenir, estime de son côté le politologue gabonais Wilson Ndombet.
L’avantage du PDG: "Il n’y a pas vraiment d’opposition au Gabon. Elle n’est pas crédible et se cherche toujours un leader. La plupart (des opposants actuels) faisaient partie du système sous Omar Bongo et ils ont retourné leur veste" en 2009, lors de la présidentielle qui a vu Ali Bongo succéder à son père après 41 ans de pouvoir, affirme encore M. Ndombet.
Sa principale revendication depuis 2006 étant satisfaite avec la mise en place de la biométrie, l’opposition s’est décidée à aller au scrutin après avoir longtemps hésité. Il faut dire qu’en boycottant les législatives en 2011, elle avait offert un boulevard au PDG (114 sièges sur 120 à l’Assemblée nationale).
L’une des deux principales formations de l’opposition, l’Union du peuple gabonais (UPG), se présente considérablement affaiblie par des divisions internes depuis la mort de son leader historique Pierre Mamboundou en octobre 2011.
L’autre grand parti d’opposition, l’Union nationale (UN), dissoute en janvier 2011, n’a pas le droit de se présenter. Ses cadres sont donc obligés de présenter des listes indépendantes - une quarantaine au total.
Dans les rues de la capitale, seules quelques affiches de têtes de listes annoncent l’imminence des élections. L’indépendant Jean Eyéghé Ndong (ex-UN), dernier Premier ministre d’Omar Bongo passé dans l’opposition, est l’un des rares candidats déclarés à la mairie de Libreville.
Il pourrait affronter des pointures de la majorité comme la secrétaire générale de la présidence Laure Olga Gondjout, ou l’ancien ministre du Pétrole Alexandre Barro Chambrier, bien que le PDG n’ait affiché aucun soutien officiel.
Jean Eyéghé Ndong promet de s’attaquer au problème de l’insalubrité dans la capitale, sujet polémique qui a valu une impopularité record au maire PDG sortant. "La priorité, c’est la propreté, car Libreville est malade, il y a aujourd’hui des risques d’épidémie", affirme l’opposant.
A la veille des élections, la campagne électorale lancée le 4 décembre n’a en tous cas suscité que peu d’intérêt chez les Gabonais. "Je ne me suis pas inscrite. A quoi bon aller voter quand on sait déjà que le PDG va gagner et que rien ne change pour nous les makayas (l’homme de la rue)?", s’interroge Bernadette Obame, une mère de famille qui vit à Rio, un quartier populaire où l’accès à l’eau potable reste une chimère pour beaucoup d’habitants.
La participation au scrutin, dans ce pays d’1,5 million d’habitants producteur de pétrole et dont la majorité vit dans la pauvreté, sera donc au centre des préoccupations dans la perspective de la présidentielle de 2016.