Participant au "Forum citoyen sur l'emploi" qui s'est tenu récemment à Libreville, Bikegne Jospin Lionel, 25 ans à peine, est un jeune gabonais exploitant agricole qui justifie de dix ans d'expérience dans ce domaine. A la tête d’une bananeraie de 12 hectares, il emploie aujourd’hui plusieurs compatriotes et son activité se porte pour le mieux. Un exemple suffisamment rare qui mérite d’être souligné. D’où l’intérêt de Gaboneco.com pour ce jeune qui a fait le pari du retour à la terre. Un pari plutôt réussi…
Gaboneco (Ge) : Vous êtes un jeune Gabonais qui travaille dans le secteur de l'agriculture. Qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans ce secteur qui, habituellement, intéresse très peu les jeunes Gabonais ?
Bikegne Jospin Lionel (BJL) : S'intéresser à l'agriculture, c'est d'abord et avant tout une question de motivation et d'objectif. Lorsqu'on est motivé à faire quelque chose, il n’y a pas de choix, on se lance dans le métier qui se présente à nous. Et moi je me suis lancé sans hésiter dans l'agriculture. Mais si les jeunes hésitent à se lancer dans ce secteur, je crois que c'est parce qu'ils ne sont pas informés des avantages que procure ce domaine qui, pour ma part, est un métier comme tout autre.
Ge : Depuis que vous vous êtes lancé, quelles sont les difficultés que vous avez rencontré et continué de rencontrer?
BJL : Les difficultés sont nombreuses dans le secteur de l'agriculture et depuis que j'ai débuté mes activités, les problèmes que je rencontre sont liés à la cherté des outils de travail et au manque de financements pour me permettre d'atteindre mes objectifs de production agricole. Je suis issu d'une école spécialisée dans le formation des agriculteurs : l'Ecole Nationale de Développement Rural d'Oyem (ENDR). Et si les choses se faisaient bien, après ma formation, j’aurais bénéficié de l'aide de l'Etat, notamment d'une bourse qui m’aurait permis de mieux mettre en pratique les acquis de ma formation.
Outre cela, il y a aussi le fait que même lorsque vous êtes lancé, vous butez sur l'absence de personnels capables de vous accompagner dans votre challenge. En tant qu’exploitant dans un village non loin d'Oyem, j'éprouve des difficultés à trouver de jeunes Gabonais qui pourront travailler avec moi. Les villages sont déserts et c'est une grosse difficulté pour nous qui avons en permanence besoin de main d'œuvre.
Ge : Et le côté positif ?
BJL : Pour l'instant mon bilan est positif puisque grâce à mes 12 hectares de bananeraies, je me prends parfaitement en charge. J’arrive même à donner de l’emploi à des compatriotes. J'ai foi et je sais que cela m'apportera beaucoup plus dans l'avenir.
Ge : Au regard de votre expérience, quel message lancez-vous à l'endroit des jeunes Gabonais qui hésitent encore à s'investir dans l'agriculture?
BJL : A mes frères et sœurs Gabonais (es), il n'y a pas de honte à se lancer dans l'agriculture, car en dépit des appréhensions et des idées reçues, l'agricultures offre d’énormes possibilités de se faire de l'argent en gagnant honnêtement sa vie. Et des exemples en terme de rendement financier dans ce secteur sont nombreux aussi bien au niveau local qu'international. Je vous invite donc à vous lancer comme moi dans l'agriculture, d'autant plus que ce secteur est, dit-on, l'avenir du développement de l'Afrique.