Vêtu d’une queue-de-pie inhabituelle, le ministre de l’Education nationale s’est agenouillé devant les élèves grévistes et certains de leurs parents, le 10 août dernier, sur le parvis de la cathédrale Sainte-Marie de Libreville, créant ainsi un tohubohu d’interprétations sur la Toile, y compris ésotérique et paranormal.
Léon Nzouba ne s’y attendait sans doute pas et sans doute ne se doute-il même pas du destin sur les réseaux sociaux d’une photo de lui, publiée par Marcel Libama, sur Facebook le dimanche 10 août dernier. On y voit le ministre de l’Education nationale, accoutré d’une queue-de-pie comme un lord Anglais, à genoux sur le parvis de la cathédrale Sainte-Marie de Libreville et demandant pardon à une dame, elle aussi au sol.
Pour surréaliste qu’elle soit, l’image a fait l’objet d’une multitude de statuts sur les comptes Facebook des internautes gabonais et a donné lieu à des lectures diverses, allant de l’étonnement à la raillerie, en passant par l’interprétation mystico-occulte. Pourtant, pour l’auteur de la photo les choses se sont exactement passées ainsi : Le ministre de l’Education nationale et de l’Enseignement technique et Professionnel s’est rendu le 9 août 2014 à la cathédrale Sainte-Marie en vue de rencontrer les élèves qui y observent une grève de la faim pour avoir été admis au bac 1 avant d’être recalés au bac 2. Au terme d’un échange, il leur a demandé de pardonner, de mettre un terme à leur grève de la faim et de regagner leurs domiciles. Et Léon Nzouba a promis aux bachoteurs en sursis qu’il va prendre en compte «la méthode de calcul réclamée par ces élèves. À savoir : les moyennes du bac 1 additionnées à celles du bac 2 que l’on diviserait par 2 afin d’accéder à leurs doléances. La promesse du ministre n’a convaincu personne parmi les grévistes de la faim. Ce qui l’a poussé à jurer par son père et à se mettre à genoux pour prouver qu’il tiendrait promesse et que pas le moins du monde il ne blaguait», explique Marcel Libama, le délégué administratif de la Convention nationale des syndicats du secteur éducation (Conasysed).
Face à ce spectacle, une mère de famille présente sur les lieux «a supplié à son tour le ministre pour lui demander de se relever estimant qu’il n’avait pas à agir ainsi et lui rappelant qu’un grand ne se met pas à genoux devant les enfants», raconte Marcel Libama. Si pour les internautes Gabonais qui ont largement commenté cette photo sur Facebook, on est en présence d’une nouvelle tartuferie, Marcel Libama, joint au téléphone, indique que conformément à la déclaration de Léon Nzouba ce jour-là, «la réhabilitation des élèves grévistes est attendue pour le 12 août 2014».
En attendant, l’image continue d’être partagée sur les réseaux sociaux et à susciter des commentaires divers, au titre desquels l’un des plus des plus notables a été posté par De Moutassou Le Corbeau, un chroniqueur masqué bien connu des réseaux sociopolitiques gabonais. Celui-ci fait remarquer en effet : «Attention au jeu des ombres par terre : ce n’est pas la main du Ministre mais probablement celle de l’adjudant Mayombo ! La main du Ministre étant pliée et celle de l’ombre étant tendue raide, il y a là un de ces mystère, dans cette photo, dont le Gabon est coutumier : c’est une photo pour l’Histoire ! Ce n’est pas nom plus la main du personnage à gauche du Ministre car cet individu touche la main de la maman étendue par terre… Vous avez dit mystère ? A qui appartient la main de l’ombre ?» Au premier regard de ce qui n’est qu’une illusion d’optique, on se demande effectivement à quoi correspond l’ombre, au sol, de la main tendue ? Et là, toutes les interprétations sont possibles, surtout que le look du ministre de l’Education vient en rajouter. Dans les faits, celui-ci sortait du palais de la présidence de la République où venait d’avoir lieu la cérémonie d’allégeance au drapeau, dans le cadre la journée nationale de l’étendard du pays.
La scène offerte par le ministre de l’Education nationale à la cathédrale de Libreville intervient quelques heures après sa rencontre avec les acteurs de la Conasysed qui ne se sont pas gênés pour critiquer son action, jugée «médiocre», à la tête du département qu’il supervise aujourd’hui.