Estimant que, lors de sa dernière sortie sur France 24, l’ancien président de la Commission de l’Union Africaine ne s’est basé sur aucun indicateur pour étayer son propos, le Premier ministre lui demande de revoir ses fondamentaux.
Avec sa tonitruante sortie, en juillet dernier, sur la chaîne de télévision française France 24, Jean Ping ne s’est pas fait que des amis. Loin s’en faut ! L’ancien président de la commission de l’Union Africaine, aujourd’hui passé à l’opposition, ayant brossé un tableau peu reluisant de la gestion des finances publiques et plus largement de la gouvernance de l’actuel exécutif, les réactions n’ont pas tardé. Après le droit de réponse accordé au porte-parole de la présidence de la République par le même média, le Premier ministre a tenu à réagir à son tour.
A la faveur d’un entretien récemment accordé au quotidien L’union (n°11603), Daniel Ona Ondo est revenu sur les propos de l’ancien ministre des Affaires étrangère, notamment ceux relatifs à la gestion des finances publiques et à l’impunité dont semble jouir les commanditaires de crimes dits rituels. Sur la question de la gestion «personnelle» des finances publiques, il a balayé d’un revers de la main les affirmations de Jean Ping. Contrairement à ce dernier qui avait affirmé, en substance, que les finances publiques sont devenues «la caisse privée, la caisse personnelle d’Accrombessi et des autres», et le budget «une affaire personnelle», le chef du gouvernement assure qu’il n’en est rien : «J’affirme de mon côté que les finances publiques gabonaises ne sont pas la caisse privée d’une quelconque personne.», a-t-il lancé, avant d’ajouter : «Les recettes et dépenses de l’Etat sont effectuées conformément aux principes et règles de la gestion des finances publiques».
Par ailleurs, relève le Premier ministre, toutes les opérations financières de l’Etat sont effectuées «exclusivement par des comptables publics assermentés». Et, s’il a reconnu qu’«aucun système n’est parfait», il estime que Jean Ping ne se base sur aucun indicateur et a, par conséquent, tout faux. «Ce qui importe, dit-il, c’est que le gouvernement prenne continuellement la mesure de nos difficultés et travaille à leur résolution», lâche-t-il.
S’agissant de la supposée impunité des auteurs et commanditaires des crimes dits rituels, Daniel Ona Ondo affirme que «les allégations du compatriote Jean Ping (…) sont un signe de manque de rigueur intellectuelle et d’éthique». Un brin généreux, quoiqu’un peu amusé, il ajoute : «Je vais lui rafraîchir la mémoire en lui rappelant qu’à l’occasion du dernier Conseil supérieur de la magistrature (…), la justice a été appelée par le président de la République (…) à renforcer son efficacité et son sens d’éthique pour que les auteurs des crimes et délits répondent devant la loi, notamment en matière de crimes de sang aggravés de la barbarie de prélèvements d’organes vitaux.» Et d’ajouter fermement : «Il faut que Jean Ping révise sa copie car le Gabon est bien un Etat de droit et les magistrats gabonais exercent leur sacerdoce sous l’autorité de la loi».