Affirmant être en croisade contre la dépravation des mœurs, les autorités provinciales de l’Ogooué-Maritime ont récemment initié une descente musclée dans les boîtes de nuit, snacks et autres débits de boisson de la capitale économique.
Pour un pays qui, en coulisses, s’active à trouver des financements pour l’organisation d’un carnaval, un des moments où la dépravation des mœurs est à son paroxysme, l’affaire semble intervenir à contretemps. De quoi s’agit-il ? D’une descente musclée dans les boîtes de nuit, snacks et autres débits de boisson de la capitale économique, récemment organisée par les autorités provinciales. Objectif : interpeler les jeunes filles indécemment vêtues à leur goût. Une opération diversement appréciée par les populations qui n’en finissent plus de s’interroger, allant jusqu’à craindre la mise en place d’une police des mœurs voire la dérive vers un ordre moral.
De fait, au terme de la première intervention menée par les agents de la police, c’est une trentaine de jeunes filles et quelques garçons qui ont été interpelés. A ceux-ci et en particulier aux filles, le préfet du département de Bendjé a lancé : «Ce n’est pas parce que vous serez en tenue correcte qu’on ne va pas vous regarder. Et si vous voulez aller danser, habillez-vous correctement.» Pour lui, l’opération visait à préserver la dignité des jeunes filles interpelées. D’autant que, a soutenu le procureur adjoint, «depuis un certain temps, on constate malheureusement à Port-Gentil une recrudescence des viols» dont l’un des mobiles se trouve être «la qualité extravagante des tenues arborées par les jeunes filles de la capitale». Du moins, selon Lilian Embinga pour qui ces jeunes filles sont «des victimes actives».
N’empêche, les jeunes femmes ont fini par être relâchées après que les autorités eurent adressé un avertissement ferme aux tenanciers de boîtes de nuits et snacks. «Vous qui acceptez des filles presque nues, c’est vous qui encouragez cette situation (…). Votre cas sera étudié et on pourrait même aller jusqu’à la fermeture de vos structures», a menacé Joseph Mouélé, visiblement inspiré par la descente du procureur de la République près le tribunal de Libreville, Sidonie Flore Ouwé, en juillet dernier dans les débits de boisson et night-clubs de Libreville.