Visiblement agacé par les troubles récurrents au sein de l’Université Omar Bongo, le Premier ministre a récemment consenti à rencontrer la Ligue estudiantine des droits de l’Homme à qui il n’a pas caché son sentiment.
C’est l’air agacé et préoccupé que le Premier ministre a échangé le 5 août dernier à son cabinet avec des représentants de la Ligue estudiantine des droits de l’Homme. La structure, présente à l’Université Omar Bongo (UOB) depuis le début des troubles dans l’objectif d’interpeler l’administration rectorale et le corps enseignant sur la nécessité de mettre en œuvre des mécanismes en vue de l’amélioration des conditions d’étude et de vie des étudiants, a souhaité discuter avec Daniel Ona Ondo de l’application des lois et réformes entreprises par le gouvernement.
Si le Premier ministre a dit avoir une parfaite connaissance du dossier, il est par ailleurs apparu préoccupé par la détermination des étudiants qui semblent ne rien vouloir lâcher avant la satisfaction complète de leurs revendications. «Les études c’est votre avenir, et d’abord le vôtre. (…) Demandez-moi de faire en sorte que vos études se déroulent dans de bonnes conditions au lieu d’avoir l’air d’être contents que les cours ne se déroulent pas comme cela se doit», a-t-il lancé à ses interlocuteurs. Et de les interroger, un brin paternel : «Dans ce monde qui bouge, où la connaissance est devenue mondialisée, souhaitez-vous poursuivre vos études dans ces conditions ? Etes-vous contents de vous ? Mais arrêtez, mes enfants ! Il faut sagesse garder. Vous êtes en train de vous tirer une balle dans le pied, et ça me fait de la peine.»
Enseignant et ancien recteur de l’UOB, Daniel Ona Ondo a dit activer le gouvernement pour la résolution des différents problèmes de cette institution. A deux mois de la prochaine rentrée académique et de l’arrivée des nouveaux bacheliers, le porte-parole des étudiants n’a pas paru démonté par ces propos. «La Ligue estudiantine des droits de l’Homme a décidé cette année de faire la revendication contrairement aux autres mouvements précédents», a asséné Clay Martial Obiang. Pour lui, accusés de se disperser dans leurs différentes réclamations, les étudiants auraient changé de méthode pour se consacrer désormais à l’application des textes. «Nous portons désormais notre mouvement sur des questions (officiellement) reconnues. C’est-à-dire qu’on s’est longtemps habitué à voir l’étudiant manifester contre des réformes ou revendiquer sur la seule base de sa propre imagination, la particularité cette année a donc été d’inscrire la contestation sur des acquis», a-t-il expliqué, avant de renouveler son indignation devant la supposée mauvaise foi des autorités rectorales qui, selon lui, auraient procédé à l’exclusion injustifiée de 46 étudiants et entraîné l’arrestation de 2 d’entre eux.