Les dirigeants de dizaines de pays africains se rendront à Washington la semaine prochaine pour un sommet qui met en relief les récents efforts de la Maison Blanche visant à donner la priorité à ses échanges commerciaux avec l'Afrique, mais il reste à savoir s'ils en feront une réunion récurrente.
Les échanges entre Washington et l'Afrique se sont longtemps concentrés sur la sécurité, et l'engagement économique n'était qu'un des multiples dossiers dans une panoplie d'objectifs politiques américains.
Cependant, le sommet de la prochaine semaine marquera un changement de priorités, d'autant que la Maison Blanche a placé le commerce à la tête de son agenda africain.
En effet, le sommet est un suivi de la tournée qu'a effectuée le président américain Barack Obama en Afrique à l'été 2013, où il a annoncé les initiatives Trade Africa et Power Africa dans le but de promouvoir les échanges commerciaux avec l'Afrique de l'Est et les investissements du secteur privé américain, notamment dans le secteur de l'énergie.
"Il reste à savoir si l'engagement économique demeurera robuste après le sommet ou s'il s'agit d'un événement ponctuel", a indiqué à Xinhua Larry Hanauer, analyste en politique internationale de RAND Corporation.
"A mon sens, du moins pour le reste du mandat de l'administration Obama, le commerce et l'investissement demeureront une priorité, et le gouvernement américain continuera à faire avancer l'engagement commercial (avec l'Afrique, ndlr) pour les quelques années à venir", a expliqué M. Hanauer, avant d'ajouter que le modèle pourrait changer sous une nouvelle administration.
Le sommet intervient à un moment où le PIB de plusieurs pays africains est en croissance, les classes moyennes et leurs dépenses en énergie augmentent, la population du continent devrait doubler d'ici 2050 et six des dix économies du monde à la croissance la plus rapide se trouvent en Afrique subsaharienne.
L'année dernière, les Etats-Unis ont importé 39,3 milliards de dollars de marchandises de l'Afrique, ce qui représente 1,7% des importations américaines. Les Etats-Unis ont exporté 24 milliards de dollars de marchandises en Afrique, soit 1,5% de ses exportations totales, selon le site internet du représentant au commerce américain.
Bien que ces chiffres n'influencent pas vraiment le commerce américain, des experts y voient un potentiel et se demandent si l'engagement continu de la Maison Blanche pourra faire gonfler ces chiffres.
Amadou Sy, de l'Africa Growth Initiative de l'Institut Brookings, croit que oui.
Une des clés, a-t-il confié à Xinhua, est le renouvellement de l'AGOA (African Growth and Opportunity Act), qui accorde des incitatifs tangibles aux pays africains pour qu'ils continuent leurs efforts pour ouvrir leurs économies et développer des marchés libres.
L'AGOA, signé en 2000, expirera en 2015 et les décideurs politiques africains sont inquiets de son renouvellement, souhaitant qu'il puisse avoir lieu avant la fin de l'année.
Heureusement pour eux, l'Afrique est l'un des rares sujets sur lesquels le Congrès américain, profondément divisé, peut s'accorder.
"Typiquement, lorsqu'il est question de l'Afrique, il y a un soutien bipartite, bicaméral", a noté M. Sy.
Mais un des défis concernant l'AGOA est de déterminer comment les pays africains pourront profiter pleinement de cet accès en franchise aux marchés américains, a-t-il ajouté.
Le conseiller présidentiel en sécurité national, Ben Rhodes, a déclaré jeudi que le président a clarifié son engagement au renouvellement de l'AGOA et que l'administration travaillera à la reconduction de l'engagement.
Le sommet servira également d'occasion pour les PDG et les hommes d'affaires américains de chercher des opportunités en Afrique, alors que les entreprises américaines ont tendance à ne pas trop comprendre les marchés africains, selon des experts.
Le sommet intervient au moment où les Etats-Unis sont confrontés à un éventail de défis à travers le monde allant de la question irakienne à la crise ukrainienne, en passant par les combats dans la bande de Gaza.
Face à ces nombreux points chauds à traiter, des observateurs se demandent si la Maison Blanche pourra continuer de se concentrer sur l'investissement en Afrique, bien que des experts, dont M. Hanauer, arguent que le gouvernement américain est capable de gérer plusieurs dossiers en même temps.
Malgré tout, certains experts ont noté que le sommet, qui pourrait être positif pour l'Affrique, influencera peu les Etats-Unis.
Caroline Freund, de l'Institut de Peterson pour l'économie internationale, a fait remarquer que les Etats-Unis sont jusqu'ici un partenaire commercial plus important pour l'Afrique que le continent pour les Etats-Unis, l'Afrique détenant une part minuscule du commerce américain et les Etats-Unis représentant environ 17% du commerce africain.