Une descente musclée dans les débarcadères est prévue par le programme «Gabon bleu». Et pourtant, les pêcheurs artisanaux attendent toujours la matérialisation des promesses faites par les autorités cependant que la suspension de leurs activités, décidée en janvier 2013, fait des dégâts.
Des sources concordantes, une opération commando dans plusieurs débarcadères de la capitale est en passe d’être lancée par les principaux acteurs du programme «Gabon bleu». Le Gabon ayant récemment sollicité l’expérience sénégalaise pour une meilleure structuration du secteur de la pêche, l’on s’interroge sur le bien-fondé d’une telle initiative. En attendant la restructuration annoncée, le gouvernement a noué un partenariat avec le conglomérat mauricien Ireland Blyth (IBL) pour la création au Gabon d’une industrie des produits de la mer. Et, bien que la pêche artisanale ait été suspendue en janvier 2013, l’on rapporte que la société mauricienne permet à quelques 4 ou 5 pêcheurs d’exercer leur activité sur la base de principes établis par eux. «Le prix du poisson au kilogramme est fixé par eux, selon leur convenance et seuls les pêcheurs ayant passé un deal avec eux peuvent s’y soumettre», déclare une source proche du dossier, avant d’ajouter : «Il semble même que Mike Fay n’y soit pas totalement étranger.»
Pour lui, le coordinateur du programme «Gabon bleu» veut trop vite aller en besogne : «En décidant du déguerpissement manu militari des campements de pêcheurs, il n’imagine certainement pas ce que cela implique, aussi bien pour la vie de ces centaines de familles qui vivent grâce à l’activité que pour la sécurité dans nos villes». Visiblement il est à craindre qu’une intervention dans les 8 débarcadères au sud de Libreville ou ailleurs n’ait l’effet contraire. «Il faut faire les choses bien, oui. Mais il faut surtout bien les faire», lance la même personne, un brin philosophe. Et d’ajouter : «La difficile situation vécue aujourd’hui par les pêcheurs officiellement en arrêt d’activité se ressent sur nos étals au marché. Le poisson, même fumé, enregistre une inflation à peine croyable. Conséquence du contrat de dupe passé entre quelques pêcheurs nigérians, la société mauricienne et Gabon bleu.»
En effet, depuis la suspension de l’activité, le prix du poisson sur les étals a visiblement augmenté. Une vendeuse de poisson fumé, se plaignant du prix à l’achat d’un sac, a déclaré être contrainte d’écouler désormais sa marchandise au prix fort : «Pour espérer rentrer dans mes frais», justifie-t-elle, alors que devant elle une petite pancarte affiche «500 francs» pour un tas de 5 sardines fumées. Dans un tel contexte, l’opération de déguerpissement des débarcadères sur l’étendue du territoire national, prévue par la Direction générale des pêches et de l’aquaculture (DGPA) et le programme «Gabon bleu», ne devrait pas simplifier les choses. Pour prévenir tout débordement, certains préconisent une meilleure approche qui passe par l’identification des pêcheurs et l’attribution de licences à ces derniers.