Bamako - Les deux boîtes noires de l’avion d’Air Algérie qui s’est écrasé au Mali ont été transférées dimanche de Gao (nord du pays) à Bamako, et sont en route pour la France, un des trois pays ayant ouvert des enquêtes judiciaires sur l’accident.
La France, dont 54 ressortissants ont péri dans le crash (sur un total de 118 victimes), mettra pour trois jours ses drapeaux en berne à partir de lundi en signe de deuil.
La première boîte avait été récupérée vendredi par l’armée française sur le site du crash dans la zone de Gossi, à environ 100 km de Gao, la plus grande ville du nord malien. La seconde l’avait été samedi par des experts de la mission de l’ONU au Mali (Minusma).
Toutes deux avaient été acheminées à Gao, où est basé un centre de gestion des opérations concernant le crash. Elles ont été emmenées dimanche à Bamako par une délégation conduite sur place par le ministre malien des Transports Mamadou Hachim Koumaré et son homologue algérien Amar Ghoul, a indiqué le ministre malien de l’Information et de la Communication, Mahamadou Camara.
"Elles vont être remises aux autorités françaises" associées à l’enquête sur l’accident, une mission confiée à un responsable de la gendarmerie malienne qui devait quitter Bamako dimanche soir pour la France, a ajouté M. Camara.
L’avion d’Air Algérie, un McDonnell Douglas MD-83 loué auprès de la société espagnole SwiftAir, était parti de Ouagadougou pour Alger dans la nuit du 23 au 24 juillet. Il s’est écrasé 50 minutes après avoir décollé.
Aucune des 118 personnes à son bord - 112 passagers (outre les 54 Français, 23 Burkinabè, huit Libanais, six Algériens et des ressortissants d’autres pays) et les six membres, espagnols, de l’équipage - n’a survécu.
En France, le parquet de Paris a ouvert jeudi une enquête préliminaire pour "homicides involontaires".
Dimanche, le gouvernement malien a assuré que le Mali avait fait de même après l’annonce de la découverte des débris de l’avion.
Samedi, le Burkina Faso avait annoncé l’ouverture par le procureur de Ouagadougou d’une enquête judiciaire pour rechercher les causes de la catastrophe.
"La coopération internationale est à l’oeuvre pour que nous sachions ce qu’il est advenu de l’appareil (...). Ce qui doit être fait, le sera en partenariat entre nos différents pays : l’Algérie, la France, le Burkina Faso et le Mali", a assuré le président malien Ibrahim Boubacar Keïta.
Dépêchés par Paris, une vingtaine de gendarmes et de policiers ainsi qu’une équipe Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA) français sont depuis samedi dans le nord du Mali.
Les investigations - consistant à "recueillir le maximum d’informations" sur l’avion et l’accident sur le terrain mais aussi à collecter diverses données, qui seront ensuite analysées - pourraient durer "plusieurs semaines, voire plusieurs mois" d’après Rémi Jouty, chef du BEA.
Selon lui, il est actuellement "trop tôt pour faire la moindre hypothèse" sur la cause de l’accident, alors que plusieurs spécialistes ont évoqué les mauvaises conditions météorologiques.
- ’Des débris partout’ -
Depuis vendredi, les visites se sont multipliées sur le site de l’accident, sécurisé par les forces maliennes, celles de la Minusma et des militaires français déployés depuis un an et demi au Mali dans le cadre d’une opération de lutte contre des groupes jihadistes.
En plus des autorités burkinabè, maliennes, françaises, des proches de familles de victimes s’y sont rendus en hélicoptères au départ de Ouagadougou : après un premier petit groupe d’un Burkinabè, d’un Libanais et d’un Français samedi, des Libanais y ont été acheminés dimanche.
Des journalistes burkinabè et de la presse internationale ont aussi été conduits sur place à partir de Ouagadougou.
Dans la capitale burkinabè, des proches de victimes de diverses nationalités ont indiqué leur espoir de connaître la vérité sur le crash, mais surtout de récupérer des corps ou restes de corps.
Mais, selon le chef d’état-major particulier du président burkinabè, le général Gilbert Diendiéré, la récupération des dépouilles mortelles serait extrêmement difficile, voire quasiment impossible, l’avion s’étant désintégré en s’écrasant, avec des débris éparpillés sur une grande étendue.
"Je ne pense pas qu’on puisse reconstituer les corps (...), ils ont été éparpillés, dispersés. Je ne suis pas sûr qu’on puisse (en) retrouver certains", a-t-il prévenu samedi.