François Hollande a entamé depuis jeudi 17 juillet une mini-tournée africaine de trois jours, en Côte d'Ivoire, au Niger puis au Tchad. Pour ce séjour africain au cours duquel Hollande discutera avec ses homologues des questions économiques et sécuritaires, le Gabon qui ne figure pas dans l'agenda du Président français. Une situation qui ne manque pas d'alimenter les conversations dans les salons feutrés de Libreville. Au point de se poser la question de savoir si Hollande ne bouderait pas le Gabon ? Fait inédit depuis l’institution de la Ve République en France : le Gabon absent de l’agenda d’un président français.
A l'exception de Charles de Gaulle, tous les hôtes de l'Elysée se toujours plié, pendant leur mandat, à l’exercice du séjour en terre gabonaise.
Georges Pompidou en 1971. Valérie Giscard en 1976. Puis Lorsque les Socialistes prennent le pouvoir en 1981, au plus fort des discordances entre Paris et Libreville, François Mitterrand, bon gré mal gré, sera à son tour reçu par Omar bongo à Libreville en 1983. Sous l'ère Chirac, c'est la lune de miel entre les deux exécutifs, le président français se rendra à deux reprises (visites officielles) au Gabon.
Même Sarkozy, pourfendeur de la françafrique, fera une visite au pas de course à Libreville pour être reçu par Ali Bongo, avant de recevoir les adversaires du président gabonais fraîchement réélu, puis de s'envoler pour Kigali!
De fait, pour de nombreux spécialistes, rien ne va plus entre Libreville et Paris. La terminologie "mini-tournée" empruntée par l'Elysée pour qualifier le voyage de Hollande, n'est qu'une figure élégante en diplomatie pour ne pas exacerber davantage les tensions entre les deux pays.
Mais que nenni, affirment au contraire certains pour qui les relations entre la France et le Gabon seraient excellentes. Pour ces derniers, si le Gabon ne fait pas partie pour le moment de l'agenda du voyage de Hollande, les raisons sont ailleurs.
En effet, ce voyage répond plus à une stratégie de la France sur le plan économique et sécuritaire qu'à une brouille politique entre Paris et Libreville. Abidjan, avec un taux de croissance entre 8 et 10%, représente un marché important pour les entreprises françaises.
Ensuite, Hollande discutera avec homologue tchadien de la Centrafrique, quoi de plus normal quand on connait le lourd tribut payé par l'armée tchadienne à Bangui, et l'influence de ce pays sur la Séléka.
En outre, le Gabon n'a pas à se soucier plus que la France, de ses relations avec ce pays, car depuis 2010, l'Etat a suffisamment diversifié ses partenaires économiques pour ne plus dépendre de l’Hexagone. La Chine, Singapour avec le groupe Olam ou la Turquie intensifient leurs échanges économiques avec Libreville au point de ravir la vedette aux entreprises françaises.
D'autre part, la présence de Laurent Fabuis, le ministre français des affaires étrangères à la dernière édition du New York forum Africa est une preuve des relations excellentes entre Paris et Libreville.
Enfin, une réalité contre laquelle François Hollande ne peut rien, c’est celle des lobbies qui veillent au grain pour protéger les intérêts économiques de la France au Gabon, et qui ne laisseront jamais quiconque, aussi « président fut-il », mettre en péril.