Si, pour certains, l’idée d’une guerre contre l’incivisme et l’incivilité sur l’ensemble du territoire national est perçue comme salutaire, elle cacherait un besoin de promotion d’image pour d’autres.
Très médiatisé ces derniers jours, le projet de caravane contre l’incivisme, du ministère de la Culture des Arts et de l’Éducation civique ne laisse personne indifférent au regard du caractère éducatif qu’il revêt. Néanmoins, pour certains cette initiative ne vise qu’à faire la promotion de la personne d’Ida Reteno Assenouet qui, dit-on, brûle d’envie de montrer au président de la République et au Premier ministre combien elle peut travailler.
En effet, d’aucuns affirment qu’il est inimaginable sinon anormal qu’un individu puisse soutenir avec conviction deux idées diamétralement opposées, à moins que l’on soit privé de tous ses sens ou qu’on le fasse pour faire plaisir et bonne figure en échange de quelque chose. Car, comment comprendre qu’après avoir pris part à l’adoption, en Conseil des ministres, de l’organisation du carnaval international de Libreville que certains perçoivent comme un grand moment de débauche et d’exhibitionnisme frisant le nudisme, l’on soit aussi prompte à aller en guerre contre ces mêmes dérives ?
Pour Yves Divassa enseignant à l’école privée «Les Vainqueurs», ce projet n’est autre qu’une simple vue de l’esprit du ministre qui refuse d’accepter la réalité ou de comprendre que ses points de vue ne flattent plus ses supérieurs. «La preuve, comment expliquer qu’aussi louable et nécessaire qu’il soit, pour combattre les actes d’incivisme et d’incivilité qui s’opèrent à tout vent sur l’ensemble du territoire national sans que cela n’irrite personne, le gouvernement éprouve tout le mal pour soutenir l’initiative en mettant des moyens financiers à disposition pour sa tenue», interroge-t-il. «Pour ma part, à la lecture de cette situation qui conditionne la tenue effective de la «caravane d’éducation civique», je me permets de penser que nos autorités se satisfont de la recrudescence d’actes tels que l’irrespect des parents, la spoliation des biens publics, les viols sur mineurs», renchérit Luc Engone enseignant dans le même établissement.
En provenance d’un ministère (la Justice) qui la mettait régulièrement sous les projecteurs de l’actualité, Ida Reteno Assenouet semble en effet à l’étroit au ministère de la Culture. Tout est donc bon à prendre pour donner un semblant de vitalité à son action. Mais nombreux se demandent pourquoi ne s’attaque-t-elle pas à la création d’un centre culturel national, pourquoi ne s’attèle-t-elle pas à la réhabilitation de l’Ecole nationale des arts, par exemple. «Les budgets dépensés pour sa caravane à travers le pays contre l’incivisme, ne seront qu’une dépense pour rien. Il faut mettre l’argent dans l’essentiel. Le mettre dans le durable», pense Laure Patricia Manévy, journaliste au mensuel La Nouvelle République.