L’hôtel particulier Pozzo di Borgo, emblématique adresse du 7e arrondissement de Paris, fait l’objet de vives spéculations entre Paris et Libreville. Mis en vente fin 2023 par l’État gabonais, cet immeuble historique acquis en 2010 pour 100 millions d’euros par le régime d’Ali Bongo soulève de fortes interrogations à l’approche de la présidentielle gabonaise, prévue le 12 avril prochain, a révélé Financial Afrik ce mercredi 9 avril 2025.
L’hôtel Pozzo di Borgo, un joyau de l’architecture parisienne situé près des Invalides, avait été initialement acquis pour en faire une chancellerie diplomatique du Gabon en France. À l’époque, ce choix avait été vivement critiqué, jugé dispendieux, voire inapproprié dans un contexte de crise sociale persistante au Gabon.
Aujourd’hui, le bâtiment refait surface au cœur du débat politique, alors que la transition engagée après la chute d’Ali Bongo cherche à solder les comptes du passé.
Selon plusieurs sources proches du dossier, la vente est désormais bien engagée, avec des acheteurs potentiels internationaux en lice, notamment dans les milieux de la haute finance et de l’hôtellerie de luxe.
Mais les négociations sont entourées de la plus grande discrétion, tant les enjeux politiques et diplomatiques sont élevés. Libreville voudrait clore le dossier avant le scrutin, en y voyant un geste fort de rupture avec l’ère Bongo. Paris, de son côté, suit le dossier de près, notamment pour s’assurer de la conformité juridique et fiscale de la transaction.
Dans un Gabon en quête de nouvelle légitimité politique, la vente de l’hôtel Pozzo di Borgo est loin d’être anodine. Elle incarne à la fois les excès du passé, mais aussi la volonté de tourner une page dans les relations diplomatiques et la gestion du patrimoine public à l’étranger.
Reste à savoir si le processus ira à son terme dans un climat électoral chargé, et si cette opération symbolique suffira à convaincre une opinion gabonaise en quête de justice et de transparence.