Au Gabon, la Société d’exploitation du Transgabonais (Setrag) modernise la ligne ferroviaire reliant Owendo, près de Libreville, à Franceville, dans l’est du pays. Cette voie ferrée longue de 648 kilomètres, vitale pour le transport de passagers et de marchandises — notamment le manganèse de la Comilog, propriétaire de Setrag — souffre depuis des années de sous-investissements.
Face à l’usure de l’infrastructure et à la recrudescence des incidents techniques, l’entreprise s’est engagée dans une modernisation d’envergure, axée sur la sécurisation, la digitalisation et la formation, selon le confrère rfi.
Au cœur de cette transformation, le centre de gestion de la circulation d’Owendo joue un rôle clé. Derrière leurs écrans, six régulateurs assurent le suivi en temps réel des trains sur toute la ligne. En contact constant avec les conducteurs, aiguilleurs et chefs de gare, ils assurent la coordination du trafic. « Il y a des travaux engagés sur une gare. Je note les heures d’engagement et de dégagement, que je renseigne dans notre système », explique Patrick Biogo, régulateur. Le centre fonctionne 24h/24 avec six écrans géants permettant de visualiser les mouvements des trains sur les 24 gares du parcours.
« Le train jaune signifie qu’il est sous supervision. Le régulateur peut contrôler la vitesse, communiquer en temps réel avec le conducteur, et même intervenir en cas de non-respect des consignes », précise Darrell Erviti, chef de division circulation.
Malgré ces efforts, Setrag doit composer avec une infrastructure vieillissante. Les déraillements de trains, notamment ceux transportant du manganèse, sont devenus fréquents. En cause : des traverses détériorées par le climat et un tonnage excessif par rapport à la capacité initiale de la voie.
« Les traverses pourrissent et les rails vieillissent. Le tonnage dépasse souvent les 25 tonnes prévues à l’origine, atteignant parfois 28 tonnes par essieu », explique Abdoulaye Bah, directeur des investissements de Setrag.
Après un premier plan de remise à niveau lancé en 2016, jugé insuffisant, Setrag a conclu un nouveau programme de modernisation pour la période 2025-2028. Celui-ci vise à remplacer 270 km de rails et de traverses.
Le projet bénéficie d’un appui financier international : 173 millions d’euros de l’Agence française de développement (AFD) et 30 millions d’euros de l’Union européenne. L’objectif affiché est ambitieux : doubler la capacité de fret à 21 millions de tonnes par an d’ici cinq ans, contre 11 millions actuellement.