Distributeur de chaînes en télévision numérique terrestre au Gabon, après avoir décroché un contrat de 60 millions de francs CFA en 2010, Satcon Africa est accusé de piraterie.
Lorsqu’on lui demande de présenter son entreprise, habituellement, Ali Hamames répond : «Satcon est une société de distribution des chaînes de télévision numériques terrestres». Pourtant, la réponse que le directeur commercial, interrogé en novembre 2013, fait au journaliste de Nouvelles du Gabon, dit tout ou presque de sa véritable activité. En effet, pour ce responsable de Satcon Africa, les services offerts par sa société se résument en quelques mots : «Nous prenons sur le satellite des chaines difficile à capter et nous les traitons et les mettons à la disposition de nos clients.» N’allez surtout pas lui dire que son activité s’apparente fortement à de la piraterie, il ne l’apprécierait guère.
Pourtant, depuis son arrivée au Gabon en 2010, l’opérateur, qui semble curieusement entretenir de bonnes relations avec l’Agence de régulation des communications électroniques et postales (Arcep), est accusé de ne pas jouer franc-jeu. Pour de nombreux concurrents exerçant sur le territoire national, le distributeur de chaînes satellitaires en numérique terrestre utiliserait des procédés peu orthodoxes pour satisfaire sa clientèle.
En effet, dans un communiqué de presse daté du 9 juillet 2014, deux (2) opérateurs sont montés au créneau dans l’objectif, disent-ils, de «lutter contre la reprise illicite de (leurs) chaînes au Gabon». En clair, installée au Gabon grâce à un contrat de 60 millions de francs CFA, et avec la bénédiction du ministère de la Communication, de la Poste et de l’Economie numérique alors dirigé par Laure Olga Gondjout, la société libanaise piraterait la plupart de ses images sportives. En témoigne la diffusion des matches de la dernière Coupe du monde au Brésil.
Or, rappelle la société beIN Sports France, elle «n’a autorisé aucun opérateur de télévision à distribuer les chaînes beIN Sports France au Gabon». Pourtant, Satcon dont l’un des responsables avait déclaré en 2013 avoir «des contrats avec l’ensemble des distributeurs ABSAT Africa, MYTV Africa et biens d’autres», en plus du mondial, a retransmis tout au long de l’année, des matches de football de la Ligue 1, l’UEFA Champions League, l’Europa League, la LIGA, la Série A et la Bundesliga.
Aussi, l’opérateur qui s’était initialement installé au Gabon pour l’équipement du ministère de la Communication en radios et télévisions numériques, s’est vu sommé par beIN Sports et Canal+ Afrique de mettre fin à ses activités illicites sous peine de poursuites judiciaires. Une affaire qui devrait sans nul doute ravir son concurrent de la Télévision numérique terrestre (TNT), que d’aucuns disent pilotée «dans l’ombre» par Arthur Bongo, frère cadet d’Ali Bongo.
