Zacharie Myboto l’avait laissé sous-entendre dès la clôture des journées de réflexion de l’Union Nationale. Jean Ping et Jacques Adiahénot l’ont dit et redit.
L’opposition semble vouloir s’organiser différemment du passé. Compilation de confidences glanées à et là.
«Je suis convaincu que le renouveau de notre combat est en marche, que l’unité de tous les démocrates est possible. Comme vous, je vois les lignes bouger.
Je sais que si nous nous organisons, le basculement politique pour lequel nous luttons va se produire», avait lancé Zacharie Myboto, le 16 mars dernier, lors de la clôture des journées de réflexion de l’Union Nationale.
Quatre mois plus tard, l’histoire semble vouloir s’accélérer. Selon certaines indiscrétions et même une annonce de l’hebdomadaire Echos du Nord ce lundi 16 juillet, un front de l’opposition pour l’instauration de l’alternance devrait voir le jour le samedi 19 juillet prochain.
Pour les ténors de l’opposition, il ne fait aucun doute que seules de nouvelles formes d’organisation peuvent hâter l’alternance démocratique.
L’histoire n’a-t-elle pas suffisamment instruit les uns et les autres de ce que les formes d’organisation ayant eu cours jusque-là ne s’avéraient pas toujours efficaces ? Durant le dernier forum des Indignés en mai dernier, Pierre Amoughé Mba l’avait déjà laissé entendre : «Nous devons songer à une structuration qui va au-delà des formes d’organisation que nous proposent nos partis», avait-il lancé. Aujourd’hui l’opposition semble décider à s’organiser autrement.
Jean Ping et Jacques Adiahénot vont-ils à la rencontre des populations de Franceville ? Jean Eyéghé Ndong et Jean Ntoutoume Ngoua, notamment, les y accompagnent.
La presse glose-t-elle sur la prétendue inéligibilité de Jean Ping et Jacques Adiahénot ? Zacharie Myboto dénonce aussitôt cette «dérive» et ces «mesquineries» qu’il tient pour «l’arme des faibles». Au sein de l’opposition, la réflexion est plus que jamais à la construction d’un dispositif politique cohérent.
Les tractations en cours sont regardées avec bienveillance par Jules-Aristide Bourdès Ogoulinguendé, figure tutélaire de l’Union des forces de l’alternance (UFA, regroupement de partis de l’opposition). Selon le vieux principe qui veut que l’union fasse la force, le président du Congrès pour la démocratie et la justice (CDJ) ne voit pas d’un mauvais œil l’idée d’un large rassemblement. Tout ce qui peut contribuer à unir l’opposition et donner une impulsion nouvelle est bon à prendre. Les grandes manœuvres de poursuivent donc.
Sursaut national
Dans une période où la morosité semble gagner le corps social, certains pensent inviter l’ensemble des forces vives à un «sursaut national».
Face à un pouvoir empêtré dans les difficultés financières de l’Etat, la qualité des fondateurs du front de l’opposition sera un atout non négligeable, les uns et les autres s’accordant pour dire que ce front ne devra pas être une simple coalition de plus, qu’il s’agira d’en faire le socle d’une mobilisation de l’ensemble des énergies et de lui donner un retentissement international.
«Je ne suis pas certain qu’il s’agisse d’une coalition avec règlement intérieur et statuts comme on l’a toujours vu. Je crois que ce sera une plate-forme de partis et personnalités qui fonctionne sur la base de la confiance mutuelle et de ce que les fondateurs se seront dit», confie un militant de l’opposition assez introduit, qui précise : «Il s’agit avant tout de personnalités physiques ou morales, d’autorités qui prennent conscience des risques qui pèsent sur le pays et appellent à un sursaut national».
Effectivement, entre un ancien président de la commission de l’Union africaine doublé d’ancien président de l’Assemblée générale des Nations unies, un ancien ministre d’Etat et ancien secrétaire administratif du PDG, un ancien ministre d’Etat et ancien secrétaire général du PDG, deux anciens Premiers ministres, un ancien président de l’Assemblée nationale, plusieurs anciens ministres ainsi que des opposants historiques, c’est assurément une belle brochette de personnalités connues et reconnues aux niveaux national et international qui pourrait constituer le noyau dur de ce front.
Dès à présent, il se dit que les fondateurs de front devront, sans délai, initier une série de rencontres avec les acteurs non étatiques (ONG, associations, syndicats, collectifs des différents secteurs d’activités, confessions religieuses….), le secteur privé (Confédération patronale gabonaise, Chambre de commerce, PME nationales….), le corps diplomatique accrédité au Gabon ainsi que les représentants d’agences de coopération internationale. On apprend aussi qu’une tournée nationale, au cours de laquelle les initiateurs de ce front parcourront le pays par monts et par vaux, hameau après hameau, pour échanger avec les populations, est envisagée.
Tout ceci devrait déboucher sur la convocation d’une grand-messe censée dégager les grands axes d’une stratégie à court et moyen terme.
«Ce forum aura pour objectif de jeter les bases d’une organisation qui permette à l’opposition d’aborder et contrôler les prochaines échéances en rangs serrés», révèle une source proche du dossier, qui poursuit : «Il s’agira aussi d’arrêter des mesures consensuelles, globales et pertinentes à même de permettre au Gabon de surmonter la crise morale, politique, institutionnelle, économique, sociale et culturelle qu’il traverse depuis 2009. Du boulot en perspective.