À quatre jours du référendum constitutionnel tant attendu au Gabon, le président de la plateforme Ensemble pour le Gabon, l’ancien Premier ministre, Alain-Claude Bilie-By-Nze, et ses compagnons se sont une fois de plus exprimé ce mardi 12 novembre, sur les enjeux que représente, pour le pays, l’adoption d’une nouvelle Constitution.
L’organisation du scrutin, la vulgarisation du texte en question, l’accès aux financements, aux médias publics et l’implication des hommes en tenues ont été abordés lors de ce rendez-vous. Là encore, au constat, plusieurs griefs sont faits par ce groupe au regard de l’évolution du processus
Des dysfonctionnements, des remarques, des observations, des constats et même des regrets, la plateforme Ensemble pour le Gabon, cornaquée par l’ex-Premier ministre, Alain-Claude Bilie-By-Nze, en a fait ce mardi 12 novembre, sur le processus menant au prochain référendum. Cette énième sortie a permis au président de ce groupe d’énoncer plusieurs griefs entachant déjà la sincérité de la campagne, mais aussi l’avenir de ce référendum voir son résultat. Ainsi, ont-ils, une nouvelle fois appelé au rejet massif de la nouvelle Constitution présentée comme «un projet mortifère».
«L’esbroufe, la perfidie et le mensonge»… «la Constitution n’est pas un projet de société»
Pour les constats, Ensemble pour le Gabon estime que les conditions démocratiques d’un débat d’idée n’ont pas été retenues. «Elles ont été ni voulues ni retenues par le pouvoir militaire en place», a indiqué le leader de la plateforme, ajoutant que ce «pouvoir a préféré l’esbroufe, la perfidie et le mensonge».
Les populations gabonaises sont en effet appelées aux urnes le 16 novembre pour la «validation» de la Loi fondamentale. Un texte, explique Bilie-By-Nze, qui doit régir le fonctionnement de l’État de droit, la démocratie, les institutions et les libertés publiques et individuelles, les droits inaliénables. Sauf que pour lui, le droit à l’information a totalement été violé. Le pouvoir ayant préféré «la dissimulation» de ce texte aux populations. Il s’appuie sur le fait que durant leurs causeries, des compatriotes leur font savoir qu’ils n’ont pas lu la Constitution et ne savent où se la procurer. «S’il n’y avait rien à reprocher, le texte serait affiché partout sur le territoire», a fait observer le président d’Ensemble pour le Gabon.
Ensemble pour le Gabon s’offusque également du fait qu’il y a «une campagne mensongère» autour de cette Constitution. Or, note-t-elle, «la Constitution n’est pas un projet de société dans lequel on promet des routes, des hôpitaux, l’électricité, des puits dans les villages». Ce qui fait dire à l’ex-chef du gouvernement qu’il y a une «confusion volontaire des genres» et «ceux qui appellent à voter le «oui» parlent de tout sauf du texte».
Il dénonce en outre le refus par les autorités d’un débat démocratique ouvert et transparent. Ce qui en fait une «atteinte grave au droit fondamental à l’information dû aux populations et au libre jeu dans une démocratie qui se voudrait plurielle et exemplaire».
Ensemble pour le Gabon regrette de même la disproportion inouïe des moyens de l’État alloués à la campagne du oui. Pour ce groupe, «cela traduirait un vote sans adhésion, mais par achat de consciences». Alain-Claude Bilie-By-Nze invoque l’image de jeunes gens se discutant des billets de banque, pour étayer son propos.
Il dénonce un système électoral verrouillé et remarque que si le oui venait donc à l’emporter, ce serait «un oui usurpé, un oui préfabriqué». Parce que : «achat des consciences, 27 milliards de francs CFA alloués à une campagne référendaire dans un pays qui manque un peu de tout».
Par ailleurs, la plateforme déplore le fait que «ceux qui appellent à voter le non ne bénéficient d’aucun financement public». Toute chose faisant dire à l’ancien PM qu’il s’agit du vote de la Constitution et d’un débat pour lequel tous les acteurs auraient dû avoir le même niveau de financement, la même égalité d’accès aux médias publics.
«Volonté du pouvoir de piper le jeu démocratique»
Le président de la plateforme revient sur la liste électorale et évoque la «volonté du pouvoir de piper le jeu démocratique». «En autorisant une révision, à quelques jours à peine du scrutin, dans les conditions où seuls deux centres accueilleront les nouveaux votants, et des centres qui sont situés, l’un à Agondjé, et l’autre au centre-ville : deux centres où votent les éléments de la Garde républicaine, il s’agit là d’une volonté de tricher que le pouvoir peine à masquer», a-t-il dénoncé.
À ce propos, il fait savoir qu’il n’y aura pas de «garantie de transparence dans le déroulement du scrutin», d’autant plus que tous les bureaux et centres de vote sont tenus par des partisans affichés du oui.
Enfin, le camp du non porté par Ensemble pour le Gabon constate que ce référendum constitue «une rampe de lancement pour la candidature du président du CTRI -Comité pour la transition et la restauration des institutions- à l’élection présidentielle». Autrement dit, explique Bilie-By-Nze, ce référendum a été conçu comme une précampagne présidentielle. «Car, on ne parle ni du texte référendaire ni de la Constitution, mais bien de la personne du président du CTRI».
La plateforme estime que «toute la campagne est menée autour de sa personne détournant ainsi les populations de l’objet réel du texte». Là encore, elle rappelle que cette candidature serait une violation à la fois de la parole donnée, mais également de nos textes y compris la Charte de la Transition voulue par lui-même. Et de dénoncer le fait que les militaires, contrairement à ce qu’ils avaient annoncé, veulent s’installer durablement au pouvoir.
Ensemble pour le Gabon insiste et appelle à voter le non lors du référendum du 16 novembre.