Qu’attend l’agence nationale de promotion des investissements pour «améliorer le cadre de vie des populations, dresser une cartographie des zones inondables, créer des lieux d’agrément...» comme elle s’est engagée à le faire aux abords du lac Nzeng Ayong? Qu’il y ait plus de morts par noyade? Et c’est en vain que Le360 Afrique a tenté d’avoir quelques éléments d’informations auprès du maire du 6ème arrondissement de Libreville.
Il y a dans la fiche technique du projet d’aménagement du lac de Nzeng Ayong à Libreville de l’agence nationale de promotion des investissements un bien curieux renseignement. Si l’agence précise que le coût de cet aménagement est de 7,350 milliards de FCFA, en revanche à la case ‘durée du projet’, la précision vaut son pesant de dangers: «indéterminée.» Pourtant, cette pièce d’eau artificielle, résultat insoupçonné de l’extraction de clinker, remonte aux années 1980.
Situé dans le 6ème arrondissement de Libreville, ce plan d’eau d’une douzaine d’hectares et d’une profondeur inconnue n’est pas un site naturel. À l’origine, il s’agissait d’une carrière d’extraction de clinker qui est un constituant du ciment, qui a été abandonnée à la fin des années 80 par la société africaine de construction (SOCOBA) spécialisée dans le BTP.
Au fil des années, le «trou» laissé par la carrière s’est rempli d’eau et ne fait que s’élargir, exposant ainsi les populations installées aux abords, notamment les enfants, à un danger permanent. À défaut d’utiliser les eaux du lac, les riverains en ont fait un dépotoir en y déversant les déchets de toute nature: bouteilles plastiques, sachets, épaves d’appareils, vieux matelas et autres immondices provenant des ménages.
Des eaux capables d’engloutir un engin de chantier
Suzanne Abeng, 70 ans, est une notable du quartier Nzeng Ayong fromager. Elle fait donc partie des rares témoins encore établis sur place et pouvant tracer l’histoire de cette pièce artificielle qui se trouve juste à l’arrière-cour de son domicile. «À l’époque du lancement des chantiers routiers du quartier, c’était ici que les ouvriers venaient extraire le clinker. Avec l’intense activité de l’exploitation, l’eau a commencé à sortir de terre jusqu’à engloutir un Caterpillar de SOCOBA, qui reste introuvable des décennies après la fin du chantier», explique la septuagénaire, visiblement fatiguée par le poids de l’âge.... suite de l'article sur Autre presse