Bien avant la fin des épreuves écrites du BEPC le week-end écoulé, de nombreuses fuites de sujets ont, une nouvelle fois, été rapportées à Libreville et à l’intérieur du pays. Un retour de la fraude qui suscite plusieurs interrogations.
Alors qu’on croyait l’achat des épreuves passé, en raison des promesses du gouvernement qui disait avoir «tout mis en œuvre» pour une meilleure protection de ces dernières, il semble que ce phénomène ait encore de beaux jours devant lui. Pourtant, à l’époque de Séraphin Moundounga que d’aucuns accusaient à tort ou à raison d’être le principal responsable de la mauvaise santé du système éducatif gabonais, l’on avait vite fait de proclamer la fin des fraudeurs. «Les dealers d’épreuves» ou les pourvoyeurs de «carreau», comme les nomment certains élèves ayant eu recours à leurs services étaient supposés avoir été neutralisés. A l’épreuve des faits, il semble que rien ou presque n’a été mis en place pour éradiquer ce fléau. En témoignent les dernières fuites enregistrées pendant le Brevet d’études du premier cycle (BEPC).
En effet, à quelques heures du lancement des épreuves écrites du Baccalauréat, le retour des épreuves achetées sur la grande place fait froid dans le dos et suscite des interrogations. Joints par des journalistes de Radio Gabon, vendredi 11 juillet dernier, plusieurs personnes ont reconnu avoir été en possession des épreuves, de nombreuses heures avant le début des examens. Sans ambages, l’un d’eux a d’ailleurs avoué avoir obtenu une copie d’épreuve de Science de la Vie et de la Terre (Biologie) à l’ancienne Gare routière, au prix de 50 000 francs CFA. C’est donc en toute logique que certains parents d’élèves interrogés réclament une annulation pure et simple de l’examen. «Cela ne fera pas forcément plaisir à ceux qui ne se reprochent de rien, mais s’il faut miser sur une jeunesse bien formée, ce n’est certainement pas celle dont les diplômes sont entachés de doutes», a déclaré Paul Auguste, un comptable dont le fils, Landry, dit avoir été informé de la possibilité d’acquérir une épreuve de son choix avant les écrits.
Faut-il annuler les épreuves ? La question se pose désormais au ministère de l’Education nationale, bien que le fait soit quasiment «inenvisageable», à en croire certaines sources qui évoquent le «défaut de preuves» ainsi que le coût financier et matériel que nécessiterait une telle décision. Pour l’heure, il va de soi que de véritables stratégies sont à mettre en œuvre en vue d’une meilleure sécurisation des sujets d’épreuves.