Ce n’était certes pas l’enthousiasme et la foule des grands raouts Pdgistes, mais le rappel de l’essentiel des troupes lors de la rentrée de l’ancien parti au pouvoir samedi dernier montre bien que le PDG pourrait encore avoir de beaux jours devant lui. Le parti crée sur les bords de la Bouenguidi (province de l’Ogooué-Lolo, sud-est) par feu président Omar Bongo Ondimba a fait, s’il en était encore besoin, la preuve qu’il n’a pas perdu grand-chose de ses capacités de mobilisation et qu’il demeure une des principales composantes sur l’échiquier politique national, selon ses dirigeants qui ont déclaré à qui voulait l’entendre, à haute et intelligible voix que le PDG reste ‘’dans l’air du temps – un parti du pouvoir – un parti au pouvoir’’. Comme un pied de nez !
Ce qui s’est passé samedi dernier au Palais des sports de Libreville, est à tout prendre, une négation de toute ou partie du Dialogue national inclusif (DNI) et aux autorités de la transition qui avaient déclaré faire foi aux recommandations qui en étaient issues présentées comme la volonté du peuple gabonais souverain, avait-on entendu dire.
Beaucoup d’observateurs et éditorialistes avaient cru voir à travers la cérémonie de clôture des assises du DNI, le 30 avril dernier au Palais de la présidence de la république, comme un enterrement en première classe du Parti démocratique gabonais, voué aux gémonies par les commissaires du DNI, via la Commission politique qui, avaient décidé de la dissolution du Parti démocratique gabonais et l’interdiction faite à tous ses dirigeants de se porter candidats à toutes les élections politiques en république gabonaise pendant trois (3) ans, avaient alors annoncé le ministre de la Restauration des institutions, Murielle Minkoué Mintsa.
La sentence valait aussi d’ailleurs pour l’ensemble des partis politiques, dont on avait dans le même temps décidé de geler les activités, jusqu’à réorganisation du dispositif juridique et légal portant création, organisation et fonctionnement des partis politiques au Gabon.
De toute évidence, ces décisions seront restées lettre morte devant le bouillonnement actuellement observé sur la scène politique nationale et le ‘’retour en grâce’’ du PDG pourtant accusés de tous les ‘’péchés d’Israël’’ par le millier des participants au Dialogue national inclusif. Paul Biyoghé Mba, président intérimaire du parti dit ‘’des masses’’ allant jusqu’à parler de « bienveillance du président du CTRI à l’endroit du PDG ».
Le plus indécent, c’est cette photo de famille des hiérarques de l’ancien ‘’Parti – Etat’’, au terme de la grand-messe du Palais des sports sur laquelle figurent nombre de visages qui comptent parmi les figures de proue des institutions de la transition, principalement au gouvernement et au parlement de transition, alors même que ces derniers sont régulièrement taxés d’avoir plongé le pays dans les abysses à cause d’une gouvernance erratique, 55 ans durant.
Ces faits, ajoutés à l’organisation chaotique de la présidentielle couplée aux législatives d’août 2023 et globalement associés à une gouvernance démocratique à l’emporte-pièce, ont été présentés comme raison principale de la prise de pouvoir par la force ‘’le coup de la libération’’ par le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), mené par l’ancien Commandant en chef de la Garde républicaine, le Général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguéma, président de la transition devenu depuis 1 an et 45 jours.
Un ‘’allié’’ embarrassant et encombrant !?
De fait et chemin faisant, c’est désormais le ‘’grand amour’’ entre bourreaux et victimes d’hier qui semblent avoir fumé le calumet de la paix. Le temps parait donc avoir complètement éclipsé la ‘’méfiance’’ des uns et ‘’l’arrogance’’ des autres, dans un deal parfaitement illisible à ce jour pour le commun des gabonais qui en sortent visiblement groggy.
Fins tacticiens, Paul Biyoghé Mba, Angélique Ngoma et compagnie ont pris les devants, annonçant leur soutien sans réserve au CTRI et proclamant ‘’urbi et orbi’’, leur totale adhésion au projet de future constitution, pour laquelle ils ont d’ores et déjà dit leur ‘’OUI’’ franc et sans ambages dans la perspective de la consultation référendaire à venir.
D’ici là à faire de Brice Clotaire Oligui Nguéma leur candidat favori pour la prochaine présidentielle, si ce dernier venait à faire don de sa personne à ses compatriotes, comme cela se dessine à grands traits, le pas sera vite franchi, touchons du bois. Comment se défaire d’un allié devenu, quoique honni hier, qui affiche en plus autant de ‘’bonne volonté’’ et de ‘’bonne foi’’, avec un réservoir de suffrages mobilisables à souhait ? la situation est comme qui dirait, ‘’un véritable caillou dans la chaussette du CTRI’’.
A moins de se résoudre à cette assertion d’une actrice politique de la place ayant requis l’anonymat, qui croit savoir que « le PDG et le CTRI c’est la même chose, à la seule différence que les uns sont en pagne et les autres en treillis », se désole-t-elle.
Pour autant, les populations et observateurs qui se remettent progressivement du ‘’traumatisme politique’’ et de la torpeur du week-end écoulé, se posent la question de savoir que vont à présent faire les autorités de la transition avec les recommandations du Dialogue national inclusif, désormais appliquées à géométrie variable ?
Certaines d’entre elles sont déjà mises en route comme le retour de l’organisation des élections par le ministère de l’Intérieur pour ne citer que ce fait majeur. Mais pas seulement !