En l’espace de cinq jours à Pékin, le Gabon a posé les jalons d’une transformation économique sans précédent. Oligui Nguema et sa délégation sont revenus de Chine avec des engagements financiers dépassant les 4,9 milliards de dollars (près de 3 000 milliards de francs CFA), et une vision ambitieuse pour les 50 prochaines années. Entre mégaprojets d’infrastructures et partenariats stratégiques, sept ministres ont décliné, le samedi 14 septembre, toute la moisson glanée en Chine.
Le voyage du président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, en Chine du 3 au 8 septembre 2024, était résolument un tournant dans les relations sino-gabonaises. Coïncidant avec le 50e anniversaire de ces liens diplomatiques, cette visite a été l’occasion pour le chef d’État de participer au Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC) 2024 et au 2e Forum Économique Gabon-Chine, aboutissant à des engagements majeurs et ouvrant des perspectives prometteuses pour l’avenir du Gabon.
Des perspectives et engagements ayant motivé le point-presse donné, samedi dernier, par sept membres du gouvernement de la Transition. Autour d’Alexandre Barro Chambrier, vice-Premier ministre en charge de la Planification et de la Prospective, les ministres Régis Onanga Ndiaye (Affaires étrangères), Mays Mouissi (Economie et Participations), Marcel Abéké (Pétrole), Jeannot Kalima (Energie et Ressources hydrauliques), le capitaine de vaisseau Dieudonné Loïc Ndinga Moudouma (Transports), Paulette Parfaite Amouyeme Ollame Divassa (Commerce) et le général de brigade Bonjean Rodrique Mbanza (Economie numérique).
Un sommet placé sous le signe du renouveau
Tenu à Pékin, le FOCAC 2024 a été l’occasion pour la Chine de réaffirmer son engagement envers le continent africain. Ainsi que l’a souligné Alexandre Barro Chambrier, vice-Premier ministre et ministre de la Planification et de la Prospective, lors du point-presse du samedi 14 septembre, «La République populaire de Chine a appelé à la modernisation des rapports Chine-Afrique autour de dix engagements représentant un montant total de 50 milliards de dollars US» (environ 30 275 milliards de francs CFA).
Dans ce contexte, le Gabon a su se positionner avantageusement. Le président Oligui Nguema ayant exprimé sa «volonté d’établir une nouvelle ère dans les relations économiques entre [les] deux pays en franchissant un nouveau cap», a rapporté Barro Chambrier. Cette approche s’inscrit dans une vision à long terme, visant à «façonner le Gabon pour les cinquante prochaines années».
Des projets structurants pour un avenir prometteur
La délégation gabonaise est arrivée en Chine avec un portefeuille de 22 programmes et projets structurants prioritaires, soigneusement sélectionnés selon trois principes clés : la rationalisation des investissements, l’aménagement équilibré du territoire, et un développement durable harmonieux.
Parmi les projets phares évoqués lors du forum, on pourrait citer : La construction du port en eau profonde de Mayumba, capable de gérer 60 à 100 millions de tonnes de minerais par an ; la réalisation de corridors ferroviaires stratégiques, notamment Bélinga-Mayumba et Baniaka-Mvengue, ou encore la construction d’un barrage hydroélectrique à Booué d’une capacité de 400 à 600 MW.
Des projets qui s’inscrivent dans une vision globale visant à «transformer radicalement le Gabon, accélérer la croissance, créer des emplois, connecter tous les territoires de notre pays, stimuler le tourisme et les secteurs qui créent la richesse», selon les mots d’Alexandre Barro Chambrier.
Des engagements concrets et des perspectives financières
Tenu le 3 septembre à l’hôtel Kerry de Beijing, le 2e Forum Économique Gabon-Chine a été un moment fort de la visite gabonaise en Chine. Rassemblant près de 1000 participants, il a été l’occasion de signer plusieurs conventions, accords et protocoles d’accord entre entreprises gabonaises et chinoises, ainsi qu’entre les deux gouvernements.
D’après le document «Point sur les signatures lors du forum Gabon-Chine», les engagements se répartissent comme suit : Projets en financement concessionnel : 534 millions de dollars US (environ 323,33 milliards de francs CFA) ; projets en partenariat public-privé : 3,957 milliards de dollars US (environ 2 396,13 milliards de francs CFA) ; projets en investissement privé : 460 millions de dollars US (environ 278,53 milliards de francs CFA)
Parmi les projets notables, on peut citer un protocole d’accord avec Huawei pour l’expansion des réseaux et services de télécommunications, estimé à 234 millions de dollars US (environ 141,69 milliards de francs CFA), et un projet de construction d’une centrale hydroélectrique de 600 MW évalué à 2,5 milliards de dollars US (environ 1 513,75 milliards de francs CFA).
Une approche prudente et responsable
Face aux interrogations sur l’impact de ces engagements sur la dette du pays, les membres du gouvernement présents à la conférence de presse ont tenu à rassurer, expliquant que «les engagements financiers pris en Chine, chiffrés en plusieurs milliards de dollars, ne devraient pas exploser la dette extérieure du Gabon, compte tenu des différents types de financement existants».
Alexandre Barro Chambrier n’a pas manqué de souligner l’importance d’une approche prudente : «Nous mettrons en place dans les jours qui suivent un Cadre de Suivi, afin de faire aboutir les engagements étatiques et les mémorandums d’entente obtenus en Chine». Une démarche visant à assurer une gestion responsable et efficace des investissements à venir.
En définitive, on dira que cette visite en Chine marque un tournant dans la stratégie de développement du Gabon. Avec des projets ambitieux et des partenariats renforcés, le pays se positionne pour un développement durable et inclusif, tout en veillant à maintenir une gestion financière responsable. L’avenir dira si ces engagements se traduiront par les transformations espérées pour le Gabon et sa population.