Au Gabon, le général président sera-t-il candidat à la présidentielle de 2025 ? A-t-il envoyé sur le terrain les acteurs de la Transition, qu’il a nommés, battre campagne pour lui ? Ces questions taraudent bien d’esprits et alors que beaucoup répondent par l’affirmative, Alexandre Barro Chambrier a informé les militants de son parti, le 27 juillet, que si Brice Clotaire Oligui, comme semble l’indiquer les signes annonciateurs, est candidat, le Rassemblement pour la patrie et la modernité (RPM) soutiendra cette candidature. À 65 ans, il ne semble ne plus rêver d’être président du Gabon.
Au Gabon où la nouvelle Constitution devrait corser les critères pour briguer le poste de président de la République et où la Charte de la Transition écarte plusieurs personnalités nommées durant la période de Transition, la présidentielle 2025 cristallise les attentions. Si en effet lors de sa tournée à travers le pays, le président de la Transition a laissé croire, à travers des messages subliminaux, qu’il sera candidat, Alexandre Barro Chambrier, le vice-Premier ministre, a pour sa part évoqué, lors d’une rencontre citoyenne le 27 juillet à Libreville, des «signes annonciateurs» confirmant cette hypothèse. Et le vice-Premier ministre d’annoncer qu’il ne sera pas candidat.
«Si le contexte demeure le même, comme semble l’indiquer les signes annonciateurs et que le président Brice Clotaire Oligui Nguema est candidat, alors notre parti ne présentera pas de candidat», a-t-il déclaré parlant du Rassemblement pour la patrie et la modernité (RPM). «Et si les conditions sont réunies pour que le général Oligui se décide de se porter candidat à la magistrature suprême, tout naturellement nous lui apporteront notre appui politique multiforme», a-t-il ajouté. La Charte de la Transition n’interdit pas au général président de se porter candidat et pour Barro Chambrier, ce dernier «incarne désormais l’espoir d’une grande partie du peuple».
Pris au piège de la Charte de la Transition et des recommandations du DNI ?
En «politique, les choix sont avant tout une affaire de confiance», a déclaré celui qui, lors des présidentielles 2016 et 2023, s’était déjà effacé au profit d’autres candidats. Serait-il pris au piège de la Charte de la Transition et des recommandations du Dialogue national inclusif (DNI) qui ont inspiré l’élaboration de la nouvelle Constitution qui sera soumise au référendum ? Il fera campagne pour le «Oui» à ce référendum parce que dit-il, «la volonté du président Oligui Nguema qui fait incontestablement preuve de patriotisme, est d’instaurer un système politique et institutionnel novateur à même de porter les réformes nécessaires au redressement du pays».
À 65 ans, même s’il n’avait pas annoncé de candidature, il est prêt à s’effacer une fois de plus et soutient que Brice Clotaire Oligui Nguema «a fait la démonstration, en très peu de temps, de sa détermination à doter le pays d’infrastructures de base indispensables à l’accélération de son développement et à lutter contre la pauvreté». Pour lui, c’est «un atout non négligeable, au regard du retard enregistré par notre pays dans ce domaine». Tel un chantre, Alexandre Barro Chambrier a énuméré les qualités qu’il distingue chez le général président et qui feraient de lui un bon président élu.
Les qualités d’Oligui Nguema selon Barro Chambrier
Homme humble, ouvert, doté d’une très grande capacité d’écoute, travailleur infatigable au dynamisme avéré, homme déterminé qui ne devrait pas se laisser influencer par les profito-situationnistes de tous bords, par son appartenance à la fois au nord et au sud du Gabon, il constitue une bonne synthèse sur le plan socioculturel. «D’aucuns considèrent qu’étant militaire, il n’a pas vocation à diriger l’État et devrait, selon eux, après la Transition, regagner la caserne et laisser le pouvoir aux civils. Nous ne partageons pas cette assertion qui ne prend pas en compte les spécificités du contexte gabonais qui n’a pas besoin de poursuite de la lutte politicienne», a-t-il ajouté.
«Les civils comme nous ayant montré au demeurant les limites de leur capacité à s’unir», a poursuivi Alexandre Barro Chambrier. En plus de relever que Brice Clotaire Oligui Nguema a le droit de participer à la conduite des affaires publiques de l’État il note que «l’histoire enseigne que certains militaires ont été chefs d’État exceptionnels qui ont amélioré les conditions de vie de leurs populations ; libéré et/ou modernisés leurs pays». Il se satisfait de ce que le RPM soit aujourd’hui un parti de gouvernement et souligne que pour ce qui est des élections législatives et locales, le RPM doit se préparer à y prendre part avec pour ambition de devenir l’une des principales forces politiques à même de peser de façon déterminante sur l’échiquier politique du pays.