La Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD), guichet non concessionnel du groupe de la Banque mondiale, annonce la suspension du Gabon de la liste des pays éligibles à ses financements. Une note, publiée par les médias locaux, précise : « la BIRD a suspendu, à compter du 1er juillet 2024, le droit du Gabon d'effectuer des retraits sur les prêts BIRD en cours et non entièrement retirés ».
Cette suspension s'applique aux prêts de la BIRD non encore retirés, ainsi qu'aux avances du Fonds de préparation de projets, du Fonds de développement institutionnel et à certains prêts et subventions des fonds fiduciaires administrés par la BIRD. Elle est motivée par l'accumulation d'impayés de la part du Gabon, s'élevant à environ 10,4 milliards de FCFA envers l'institution financière.
La décision de suspension intervient peu après que le gouvernement gabonais a été autorisé, le 20 juin dernier, à contracter deux emprunts d'un montant total de 139,3 millions d'euros (soit 91,2 milliards de FCFA) auprès de la BIRD pour financer le projet Gabon Digital et le projet d'Harmonisation et d'amélioration des statistiques en Afrique de l'Ouest et du Centre - Série de Projets 2 (HISWACA). Cette situation soulève des questions sur la capacité du Gabon à accéder à ces nouveaux financements.
Cette suspension porte un coup à l'image du Gabon, qui s'efforce toujours de promouvoir sa crédibilité auprès des investisseurs lors des levées de fonds, tout en mettant en avant ses efforts pour réduire sa dette. La décision de la BIRD pourrait également accroître la prudence des investisseurs vis-à-vis des levées de fonds du Gabon sur le marché financier domestique. En effet, en mars dernier, le Gabon a eu des difficultés à mobiliser la totalité des fonds lors de son emprunt obligataire de 150 milliards de FCFA, ce qui a conduit à deux prolongations des délais de souscription. La période de souscription s'est finalement achevée le 20 mai, sans que le gouvernement ne communique officiellement sur les résultats de cette opération.
Pour l'instant, le gouvernement gabonais n'a pas réagi à la décision de la Banque mondiale. Il reste donc à voir comment Libreville réagira à cette suspension et quelles mesures seront prises pour remédier à la situation et restaurer la confiance des investisseurs.
La Banque mondiale est un bailleur de fonds important pour le Gabon. En mars 2024, son portefeuille dans ce pays comprend actuellement deux projets actifs dans le secteur du développement numérique, représentant un engagement total de 145,50 millions de dollars, soit un plus de 87 milliards de FCFA.