Désireux de répondre efficacement au phénomène des discours haineux envers des communautés cibles, le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) a, via le communiqué n°62 du vendredi 28 juin 2024, a d’ores et déjà annoncé que des poursuites judiciaires pourraient être engagée contre des auteurs de cette infraction pénale. Seulement en assimilant les médias dûment créés à des activistes web ou des pseudo influenceurs, le CTRI a acté la repénalisation du délit de presse.
Donnant lecture du communiqué n°62, le Colonel Ulrich Manfoumbi Manfoumbi, a martelé que les officiers de police judiciaire seront désormais à la traque des individus qui auraient porté atteinte au vivre ensemble en tenant un discours racistes ou xénophobes voire tribalistes. Si l’intention est bonne, il reste que le délit de presse est dépénalisé en République gabonaise et mérite une place au cas par cas plutôt qu’un cafouillage peu rassurant pour la liberté de la presse.
La rigueur du CTRI à l’épreuve de la liberté de la presse
Si Reporters sans frontières (RSF) a noté la belle progression du Gabon dans son classement annuel des meilleurs élèves de la démocratie, il semble que ce regain de santé ne sera pas de longue durée. Sinon, comment comprendre que des professionnels des médias soient mêlés à des créateurs de contenus sur une place virtuelle comme la toile? Et ce, alors que l’Etat a créé la Haute autorité de la communication (HAC) pour endiguer l’action des médias. Une tâche qu’il mène avec sérieux qui a une incidence certaine sur la chute des dérapages dans les médias.
Aussi, s’il est à déplorer le mauvais traitement de l’information par certains confrères qui manquent de déontologie journalistique, il ne saurait être toléré la menace aux relents d’intimidation. Ainsi donc, le chef de l’État ne devrait pas instruire les services de police judiciaire à « accroître la veille sur la presse et les réseaux sociaux et à saisir sans délai le parquet de la République » mais plutôt laisser la HAC avoir l’opportunité de sanctionner les fauteurs de trouble. Lequel pourrait puiser dans sa réserve de sanctions administratives et financières pour remettre sur le droit chemin les indélicats.
Car les délits de presse ne peuvent conduire en prison. C’est donc l’organe présidé par Germain Ngoyo Moussavou de prendre les mesures qui sied pour civiliser les réfractaires à la déontologie journalistique. Car faut-il rappeler que l’article 199 bis de l’ordonnance n°00000012/PR/2018 modifiant et complétant certaines dispositions de la loi n°19/2016 du 9 août 2016 portant Code de la communication en République gabonaise dispose que « il est exclu toute sanction privative de liberté en cas de manquement aux dispositions de la présente ordonnance et règlements en vigueur, notamment les infractions commises par voie de presse ». À bon entendeur, salut !