Interrogé le 24 juin dernier à l’issue de la deuxième session ordinaire du Comité de politique monétaire (CPM) de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) sur la question de la contrefaçon et de la sécurité des billets de banque en circulation, le gouverneur de cette banque centrale de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), Yvon Sana Bangui, avait expliqué qu’il «était désormais presque impossible de les falsifier». Sauf que depuis mai dernier, un scandale relatif à la fausse monnaie perturbe la quiétude à la BEAC.
En visioconférence le 24 juin dernier, le gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), Yvon Sana Bangui, a échangé avec les journalistes des pays partenaires de cette institution financière communautaire. Il s’est exprimé sur plusieurs sujets à l’issue de la deuxième session ordinaire du Comité de politique monétaire de la Banque, invoquant la problématique de la fausse monnaie en circulation particulièrement dans la zone des trois frontières (Cameroun-Gabon-Guinée équatoriale). Ceci, d’autant plus qu’un scandale impliquant l’agence BEAC d’Ebibeyin a récemment éclaté.
S’il a fait savoir qu’il était désormais presque impossible de falsifier les billets de la gamme 2022, le gouverneur a déclaré que «la BEAC prend des mesures fortes pour protéger les signes monétaires de notre zone (Cemac, NDLR)». «C’est pour cela qu’en 2022 nous avons mis en circulation une nouvelle gamme de billets qui intègrent de nouvelles technologies de sécurité», avait-il indiqué.
Toutefois, Yvon Sana Bangui, a également reconnu les faussaires continuent «d’employer la méthode rudimentaire de photocopie». Ce qui l’a amené à souligner que pour plus d’efficacité, ils vont collaborer avec les services de police pour pouvoir traquer non seulement les faussaires, mais aussi les trafiquants de ces billets. «Il en va de la stabilité monétaire de notre zone», insistait-il.
Avec la complicité de certains établissements de microfinance
Si les journalistes ont évoqué ces questions de faux billets en circulations dans la sous-région, c’est la réputation de la zone des trois frontières est entachée depuis quelques temps par une affaire de fausse monnaie mêlant de hauts cadres de la BEAC en poste à l’Agence d’Ebibéyin, ainsi que des hommes en tenue en fonction dans cet espace. EcoMatin rapporte que «L’attention des autorités sous régionales a été attirée par une flambée de plaintes de la part des agents économiques, principalement actifs dans les localités d’Abang-Minko’o et Kyè-Ossi, côté Cameroun, et Ebibeyin, côté Guinée équatoriale».
Notre confrère poursuit et fait savoir que «des enquêtes conduites minutieusement et de manière coordonnée par les services de sécurité camerounais et équato-guinéens ont permis, fin avril dernier, d’interpeller plusieurs hauts responsables des services de sécurité des deux pays, soupçonnés d’entretenir ce réseau en facilitant le change de la fausse monnaie de part et d’autre de la frontière, avec la complicité de certains établissements de microfinance».
Ils sont depuis lors en exploitation au Secrétariat d’État à la défense (SED), à Yaoundé.
Du côté de la Guinée équatoriale, le vice-président d, Teodorin Obiang Mangue, écrivait le 7 mai dernier que « l’enquête ouverte par la gendarmerie a permis de découvrir qu’il s’agit d’un groupe composé d’un haut gradé de l’armée nationale de Guinée équatoriale, du chef d’agence BEAC et du commissaire d’Ebibeyin».
«Ils ont été arrêtés au Cameroun en possession de 1,5 milliard FCFA en faux billets de 10 000 FCFA», ajoutait-il. Par ailleurs, plusieurs policiers en poste à Kyè-Ossi (Cameroun) notamment à l’émi-immigration ont également été mis aux arrêts.
Mis en circulation le 15 décembre dernier, les billets de la gamme de 2022 sont en effet dotés de nombreux signes de sécurité. Malheureusement, ils sont de plus en plus les falsifiés. Le pire étant l’implication des cadres et des forces de l’ordre dans cette aventure nuisant à la bonne santé des économies de la sous-région déjà très fragiles.