Depuis quelques semaines, un curieux défilé de responsables gouvernementaux est observé sur les plateaux de télévision tentant de désamorcer des crises à la suite de publications de la presse internationale sur certaines affaires. Une posture défensive propre à une administration prompte à entraver le travail de la presse en verrouillant ses sources, y compris sur des sujets aux enjeux périphériques.
La problématique de l’accès aux sources gouvernementales n’affecte visiblement pas que les professionnels de la presse. En effet, faute de jouer la transparence en répondant clairement aux demandes formulées par des journalistes sur des sujets ne portant nullement atteinte aux Secrets d’Etat, le gouvernement subit un retour de levier, car confronté à un foisonnement de spéculations dans la presse pour des sujets dont ses services disposent pourtant d’informations. Une pratique digne d’un Etat peu soucieux de la liberté d’informer les citoyens.
Le gouvernement pris dans son propre piège
« Les professionnels de la communication bénéficient d’une totale liberté quant à l’accès, la collecte et l’exploitation de l’information ». Cette disposition de l’article 37 du Code de la communication demeure malheureusement toujours un luxe sous la transition. Une perpétuation de pratiques anciennes d’ailleurs dénoncée par le Directeur de publication de GabonActu, Yves Laurent Ngoma en mai dernier à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse. « Ce qui était reproché à l’ancien régime commence à revenir. Un chef de service, pour parler à un journaliste, doit obtenir l’aval du ministre, or ce dernier n’est pas toujours disponible. et voici comment on va bloquer l’accès à une information qui n’est pas pourtant stratégique », avait alors déploré le confrère.
Une pratique entretenue au plus haut par des responsables gouvernementaux qui, à défaut d’assumer leur responsabilité dans cette paralysie qui dessert en réalité les populations, privilégient l’intimidation et la menace de poursuites judiciaires contre des acteurs de la corporation. Si l’amélioration de la position du Gabon dans le classement de Reporters sans frontières (RSF) en matière de liberté de la presse a été saluée par l’ensemble de la corporation et a plutôt démontré la volonté du président de la Transition de faire du Gabon un pays où aucun journaliste ne peut être inquiété pour son travail, le manque de volonté gouvernementale à libéraliser l’accès aux sources pourrait à terme conduire à des dérives dommageables, susceptibles de ternir l’image du Gabon à l’international.