Un ex-directeur de cabinet franco-gabonais de l'ancien président du Gabon Ali Bongo, Brice Laccruche Alihanga, a été condamné samedi à Libreville à douze ans de prison, dont près de quatre ans ferme, pour détournement de fonds publics, a indiqué son avocat à l'AFP.
Brice Laccruche Alihanga "a été condamné à douze ans de prison dont 3 ans, 10 mois et 16 jours ferme, 100 millions de FCFA d'amende (152.430 euros) et 5 milliards de FCFA (7,6 millions d'euros) de dommages et intérêts", a indiqué Anges Kévin Nzigou.
"C'est une injustice", a estimé l'avocat, réafirmant que les fonds reçus pour lesquels son client a été condamné ne provenaient "pas de fonds publics, mais d'un compte purement privé appartenant à l'ancien président Ali Bongo". Ce dernier a été renversé en août 2023 par l'armée.
Le jugement rendu au terme d'une longue audience accorde à M. Laccruche, qui a déjà efectué près de quatre ans en détention provisoire, de ne pas retourner derrière les barreaux.
M. Laccruche est apparu considérablement afaibli lors de l'audience, selon des photos et vidéos postées sur les réseaux sociaux. Son avocat a afirmé à l'AFP qu'il était "afaibli par la maladie" et "maltraité et déshumanisé lors de son passage en prison".
Ancien tout-puissant directeur de cabinet de M. Bongo, il avait été arrêté et incarcéré en décembre 2019 dans une opération anti-corruption baptisée "Scorpion", puis condamné dans un premier procès à cinq ans de prison ferme en octobre 2021, pour fausse déclaration sur l'origine de sa nationalité gabonaise.
Il avait bénéficié d'une grâce présidentielle en octobre 2023, mais restait inculpé pour des faits notamment de détournements de fonds publics, blanchiment, corruption et concussion.
Le 30 août 2023, l'armée, portée par le général Brice Oligui Nguema, devenu chef de l'Etat, avait décrété la "fin du régime Bongo" en invoquant sa "corruption" et sa "gouvernance irresponsable" mais surtout une élection frauduleuse dans laquelle Ali Bongo venait d'être proclamé réélu pour un troisième mandat après 14 années au pouvoir.
Nommé directeur du cabinet présidentiel en 2017, M. Laccruche était devenu le véritable
homme fort du pouvoir pendant la longue convalescence de M. Bongo après son AVC en
octobre 2018, jusqu'à son arrestation fin 2019.