Le mardi 07 mai 2024, le directeur général de la Société d’Energie et d’Eau du Gabon (SEEG), répondait aux préoccupations des députés de la Transition sur la situation actuelle des prestations de la structure dont il a la charge. Occasion pour lui de rappeler que « la SEEG est liée à l’État par une concession d’exploitation » avant d’insister sur le fait « qu’un audit en 2019 a révélé que 475 milliards étaient nécessaires pour renouveler les investissements ». 475 milliards qui doivent en grande partie être décaissés par l’Etat, dont la stratégie énergétique reste pour l’heure, illisible.
Dans son plan stratégique Gabon émergent (PSGE), Ali Bongo and Co. soulignaient les cinq faiblesses structurelles du secteur de l’électricité. Parmi elles, « l’avenant n°4 au contrat de concession entre l’Etat et la SEEG marquant l’échec de ce partenariat puisqu’il engage l’Etat dans la prise en charge des investissements structurants ». Malgré ce constat, rien ou presque n’a changé au cours des quinze dernières années, rien, sauf la réquisition de la Société d’Energie et d’Eau du Gabon début 2019 par l’Etat gabonais. Une méthode brutale qui en plus d’avoir refroidi les ardeurs d’investisseurs privés potentiels dans ce secteur clé, a renforcé les difficultés de cet opérateur d’une part et le déficit énergétique de l’autre.
En effet, comme l’a récemment souligné le directeur général de cette structure publique, « un audit en 2019 a révélé que 475 milliards étaient nécessaires pour renouveler les investissements de la SEEG, laquelle avait plus de 250 milliards de dettes fournisseurs et que l’État, son premier client, devait plus de 72 milliards avec des impayés depuis cinq ans ». A bien des égards, cette réquisition qui au passage a accentué les dérives managériales n’a donc pas permis de résoudre le problème de fond. Loin s’en faut. Dès lors, une question se pose. Où trouver les 475 milliards nécessaires au renouvellement de l’outil productif?
Le développement des capacités privées, une solution potentielle
L’une des pistes de solution, au regard de la faible propension de l’Etat à investir dans des projets structurants, réside dans le développement des capacités privées. Une solution d’autant plus innovante que le Gabon, contrairement à des pays comme la Côte-d’Ivoire ou encore le Sénégal dont le secteur privé représente respectivement 53% et 38% de parts de marché dans le secteur de l’énergie, se refuse à ouvrir ses portes aux investissements privés. Un choix bien étrange quand on sait qu’Aggreko, entreprise britannique spécialisée dans la location de groupes électrogènes, est l’un des principaux fournisseurs de la SEEG par le truchement de l’Etat depuis 2003.
Avec des capacités précaires installées pour pallier le manque d’électricité
à Libreville, qui d’ailleurs n’ont pas vocation à être utilisées dans la durée et ne pouvant pas être considérées comme des investissements du secteur privé comme on peut le souligner dans le précédent plan directeur (PAT), il serait plus qu’opportun de confier la gestion de ce secteur stratégique au moins en partie, au secteur privé. Toute chose qui, en plus de dynamiser l’ensemble de l’économie, améliorera le quotidien des populations, créera des emplois et favorisera le développement de secteurs connexes.