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DNI : «Les décisions qui ont été prises, il faut les respecter» (Noël Bertrand Boundzanga)
Publié le lundi 29 avril 2024  |  Gabon Review
Noël
© Gabon Review par DR
Noël Bertrand Boundzanga
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Président de la Commission politique du Dialogue national inclusif, le Noël Bertrand Boundzanga a été l’une des personnalités de premier plan de ces assises nationales. Il a livré son sentiment au terme des travaux, s’exprimant sur la dissolution du Parti démocratique gabonais (PDG), les décisions prises concernant l’attribution de la nationalité, l’homosexualité, l’accession à la magistrature suprême, ainsi que l’immigration vers le Gabon. «Les décisions qui ont été prises, il faut les respecter», a-t-il dit dans l’entretien ci-dessous.

GabonReview : Les Gabonais ont retenu que le Parti démocratique gabonais (PDG) a été suspendu. Pouvez-vous nous en parler ?

Noël Bertrand Boundzanga : La fonction de président est terminée au moment où j’ai rendu le rapport. Ça se conjugue au passé maintenant. Eh oui, les Gabonais ont entendu ce que nous avons lu et ce qu’ont décidé les commissaires. C’est de suspendre, d’abord l’ensemble des partis politiques, de suspendre le PDG. Et la suspension du PDG est accompagnée d’une inéligibilité des hauts responsables de ce parti pendant trois ans.

Les Gabonais, pour la majorité, avaient proposé carrément de dissoudre le parti.

Les Gabonais ont proposé de dissoudre. Mais vous savez, un dialogue, c’est une négociation.

Vous avez dans beaucoup de sous-commissions, beaucoup de membres du PDG ou des amis du PDG ou des alliés du PDG. Les autres ne sont pas systématiquement membres du PDG.

Et donc, il y a une confrontation, il y a des discussions. Et vous savez bien, s’il n’y a pas un consensus, il peut y avoir un vote. D’accord ? Ça veut dire que si la présence des PDG à l’intérieur des sous-commissions était importante, il n’est pas surprenant d’avoir, non pas la dissolution, mais la suspension.

Alors, le dialogue est terminé. Il y a eu l’adoption du rapport par acclamation. Est-ce qu’il y a espoir pour ce nouveau Gabon souhaité par les Gabonais ?

Oui, je ne peux pas me prononcer sur cette question, parce que ça engage en réalité la responsabilité de chacun de nous, la responsabilité de toutes les personnes qui sont censées mettre en œuvre, soit dans l’approche législative, soit dans l’approche exécutive, les décisions, ou plutôt les conclusions du Dialogue. Personnellement, j’aimerais être optimiste, il faut l’être, mais en même temps, je ne peux pas avoir un optimisme béat sans me référer, en réalité, à la responsabilité de tous ceux qui, sur la chaîne, vont rendre ces conclusions opératoires. Tout dépendra d’eux, et c’est à eux qu’il faudra dire, un Dialogue a eu lieu, vous êtes tenus de respecter ce qui a été dit lors de ce Dialogue. C’est à vous, la presse, de contrôler, puisque vous avez accès aussi à ces informations, à ces décisions, à ces conclusions que nous avons prises.

C’est à vous, aussi, de dire à tous les acteurs politiques, les acteurs administratifs, jusqu’au sommet de l’État, que des décisions ont été prises, il faut les respecter.

Vous étiez président de la Commission politique. On a débattu des questions d’immigration, de souveraineté nationale, d’accès à la présidence etc. Dites-nous-en un peu plus sur ces sujets-là ? Qu’est-ce qui a été retenu, au final ?

Ce qui a été retenu, c’est que, par exemple, pour prétendre être président de la République, il faut au moins être de nationalité Gabonaise, de père et de mère. Ça, c’est une décision qui est importante, parce que vous savez que, jusqu’à présent, un candidat pouvait avoir une double nationalité, même une triple nationalité, sans remettre en cause sa prétention à diriger le Gabon. Aujourd’hui, c’est une chose. Si c’est adopté dans la Constituante et ensuite lors du référendum, désormais, tout prétendant à la fonction présidentielle devra n’avoir qu’une identité, une seule nationalité, avec parents et mères gabonais.

Sur l’immigration ?

Vous savez que beaucoup de Gabonais, surtout ces dernières années, se plaignent d’avoir beaucoup d’étrangers. Et les commissaires ont le sentiment que le Gabon ne maîtrise plus ses frontières, le Gabon ne maîtrise plus sa politique migratoire. Et donc, les commissaires ont relayé les craintes exprimées par les contributeurs, les compatriotes gabonais. Et ils ont dit, à ce moment-là, il faut durcir la loi relative à l’immigration. Il faut assurer la présence militaire aux frontières pour contrôler les flux migratoires et également contrôler l’accès à la nationalité gabonaise. Vous savez que ces dernières années, l’attribution de la nationalité gabonaise a été faite à l’emporte-caisse. Et tout le monde pouvait accéder avec tellement de facilité à la nationalité gabonaise, au point qu’aujourd’hui, les Gabonais ont le sentiment que leur identité va se perdre dans ce flot massif de migrants.

Quelles sont désormais les conditions pour la nationalité gabonaise ?

En réalité, il n’y a pas de nouvelles conditions. C’est appliquer le dispositif actuel. Parce que le dispositif actuel, il est bon. Le seul problème c’est qu’il y a eu beaucoup de fraudes, de corruption etc. Ce que les commissaires ont voulu, c’est d’attirer l’attention et exiger, des magistrats notamment, qu’il faut respecter les conditions d’attribution de la nationalité gabonaise. Les textes du Code civil gabonais, aujourd’hui, en l’état, sont pertinents. Mais il faut les appliquer convenablement. En ce moment, on ne l’applique pas convenablement. Prenez le décret, par exemple, d’attribution de la nationalité qui, en réalité, est individuel. Vous allez avoir le décret de naturalisation, 10.000 personnes sur une liste. Vous expliquez ça comment ? Il faut seulement revenir à l’orthodoxie, respecter les textes, et puis on règle la question.

Il y a une chose qui a été dite. C’est que les commissaires ont proposé de criminaliser, ou plutôt de pénaliser la fraude relative à l’attribution de la nationalité, ou plutôt les procédures de naturalisation. Désormais, si quelqu’un attribue frauduleusement la nationalité gabonaise, il faut considérer que c’est un crime contre l’humanité, par exemple. Vous voyez, c’est assez fort !

Et la pratique de l’homosexualité ?

Les Gabonais, les commissaires ont dit qu’il fallait pénaliser l’homosexualité. C’est tout ! C’était clair, net et précis. Pas d’ambages là-dessus.
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