La France et la République centrafricaine ont adopté mercredi "une feuille de route" en vue de mettre en place un "partenariat constructif" et relancer leur relation, lors d'une rencontre à Paris entre les présidents Emmanuel Macron et Faustin-Archange Touadéra.
Cet entretien au palais présidentiel de l'Elysée, le deuxième entre les deux chefs d'Etat en un peu plus de six mois, vise à mettre fin à une brouille entre les deux pays. Les relations bilatérales se sont fortement dégradées après le rapprochement de Bangui et de la Russie en 2018.
"Dans la continuité de leur dernière rencontre, le 13 septembre dernier, les deux dirigeants ont endossé une feuille de route", a indiqué la présidence française dans un communiqué. "Elle vise à mettre en place le cadre d'un partenariat constructif qui respecte la souveraineté de l'Etat, afin de contribuer à la stabilité, de renforcer une cohésion nationale aussi large que possible et d'accompagner le développement économique et social" de la Centrafrique, a ajouté l'Elysée.
"Un mécanisme conjoint de suivi de ces engagements a été également adopté par les deux dirigeants", a-t-on précisé à l'issue de ce déjeuner de travail qui a permis de passer en revue "les diférents aspects de la relation bilatérale ainsi que la situation régionale".
La France a dénoncé ces dernières années l'emprise croissante du groupe paramilitaire russe Wagner en République centrafricaine, en l'accusant d'exactions et de pillage des ressources naturelles.
Paris a aussi déploré des campagnes de désinformation qui nourrissent le sentiment antifrançais dans ce pays et au-delà.
Le régime de M. Touadéra "réprime la société civile, les médias et les partis politiques d'opposition", écrivait aussi Human Rights Watch (HRW) en avril 2023, invoquant "de graves préoccupations sur des risques en termes de violations des droits humains et de réduction de l'espace démocratique et de la liberté d'expression".
M. Touadéra a fait modifier la Constitution en juillet 2023 par un référendum boycotté par l'opposition, pour s'autoriser à briguer un troisième mandat en 2025.
Elu en 2016 en pleine guerre civile, il avait été réélu en 2020 dans des conditions contestées par l'opposition et dans un pays dont une grande majorité du territoire était contrôlée par des rebelles, que son armée a ensuite repoussés grâce à l'aide de Moscou et l'intervention massive des mercenaires de Wagner.
La Centrafrique est l'un des pays francophones d'Afrique où Paris a vu son influence contestée par la Russie ces dernières années. Après elle, le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont aussi pris leurs distances avec l'ancienne puissance coloniale, tandis que la Russie y poussait ses pions.