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Gabon: à l’aube d’un dialogue national, des jeunes "s’autorisent à rêver" de changement
Publié le vendredi 29 mars 2024  |  AFP
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© Autre presse
Vue aérienne de la ville de Libreville
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A l’aube d’un dialogue national promis au Gabon par les militaires qui ont mis fin, il y sept mois, à 55 ans de "dynastie Bongo", une partie de la jeunesse espère peser dans la concertation et contribuer au "changement" de leur pays.

Quelques centaines de jeunes ont du mal à remplir les 6.000 sièges des gradins du Palais des sports de Libreville. Mais ils observent sur le praticable - casquettes et t-shirts grifés du slogan "Tous unis pour le succès de la transition" - l’ouverture des "Grandes assises de la
jeunesse".

Cinq jours avant le début mardi du Dialogue national inclusif (DNI) promis par les putschistes, c’est un galop d’essai pour Dariss Nyoundou Souza, président du Conseil national de la jeunesse: devant un parterre de ministres, il expose, "au nom de la jeunesse gabonaise", les "problèmes de chômage, de logements, et d’éducation" qui l’afectent.

A 33 ans, il est l’heureux élu, sélectionné par le président de transition, le général Brice Oligui Nguema, pour siéger parmi les 28 membres du bureau chargé de synthétiser les travaux DNI.

Ils dureront un mois et sont censés préconiser un ensemble de réformes politiques, économiques et sociales pour ouvrir la voie à une nouvelle Constitution et des élections en 2025.- 65% de la population -

"On a un président de transition qui pense à la jeunesse", s’enthousiasme Silvere Nzengue, président de l’Association des jeunes des neuf provinces du Gabon, satisfait que les moins de 35 ans - 65% des deux millions d’habitants de ce petit pays d’Afrique centrale - puissent "s’exprimer et prendre de la place".

Il avait envoyé sa contribution à la collecte des doléances de "tous les Gabonais" organisée par le pouvoir et espérait s’asseoir sur l’un des 20 sièges attribués aux représentants des
moins de 35 ans sur les 580 participants au dialogue national. "Déçu de ne pas avoir été convié", il promet toutefois de "suivre le représentant des jeunes" au bureau du DNI.

"Sur quels critères sont choisies les 20 personnes ? Ils ne représentent peut-être pas nos idées", s’inquiète Nadège Créole Fiocca, présidente de l’organisation de jeunesse Citoyens actifs.

Il fallait "faire un travail de fond, au préalable, pour fédérer les idées de la jeunesse", juge-t-elle, redoutant que certaines réalités, dont celles des provinces, "longtemps marginalisées", soient exclues des discussions.

Au cœur du PK10, un quartier déshérité de la capitale Libreville, aucun membre de l’Association des Jeunes des PK (AJPK) ne figure parmi les 20 chanceux.

Ils espèrent toutefois que ce dialogue inclusif se saisira des contributions qu’ils ont envoyées pour remonter "le quotidien du mapane", terme qui désigne les quartiers défavorisés en argot: "une zone très désagréable à vivre, où les problèmes de routes, d’électricité, d’eau courante et de canalisations s’additionnent au chômage et à l’insécurité", décrit Ulrich Carle Mbadinga, secrétaire général de l’association.

Depuis le coup d’État du 30 août 2023, des pavés sont venus y panser, ça et là, les routes "délabrées et impraticables" depuis de longues années.

Aussi, Lionel Ella Engonga, un "fils du mapane" et président de l’association SOS Prisonniers, a été nommé par le pouvoir militaire et est devenu, à 33 ans, le plus jeune député de
l’Assemblée nationale de transition.

Un "soupçon de changement" sufisant pour "s’autoriser à rêver et faire confiance aux autorités", estime Ulrich Gabin Boussougou, président de l’AJPK.

- "de la politique" -

Sur les bancs d’une université de Libreville, Larry Byll Ambyla, étudiant en sciences politiques de 23 ans, est plus sceptique. "Le dialogue national je ne crois plus trop à ça, c’est juste de la politique", soufle-t-il.

Les militaires ont renversé le président Ali Bongo Ondimba en accusant son régime d’avoir fraudé à la présidentielle d’août 2023 après 14 années à la tête d’un pouvoir "massivement corrompu". Il avait succédé à son père Omar Bongo, qui avait, lui, dirigé sans partage le Gabon plus de 41 ans.

Or, l’opposition d’aujourd’hui reproche au pouvoir militaire d’avoir continué de faire la part belle, dans les institutions de transition et au DNI, aux caciques des régimes Bongo père et fils.

Larry et quelques camarades ont envoyé, "sans trop y croire", leurs doléances pour le DNI,

afin de demander au gouvernement de "privilégier la jeunesse, trop peu mise en avant dans la politique".

En attendant, il manifeste régulièrement contre "l’ irrégularité dans le paiement des bourses", un problème né sous l’ancien régime qui pénalise encore aujourd’hui certains étudiants, parfois contraints de vivre "plusieurs mois sans argent".

Mais ces manifestations restent vaines: "ils nous écoutent mais ne nous comprennent pas", soufle Larry.


lnf/gir/blb
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