Latent depuis deux à trois ans, le litige foncier entre les habitants d’Essassa Village (Derrière le Complexe Berthe et Jean), dans le 2e arrondissement de Ntoum, et la Société nationale immobilière (SNI) enfle de plus en plus. Le collectif formé pour défendre les intérêts des riverains appose une fin de non-recevoir aux projets annoncés et estime que la SNI, qui ambitionne d’y construire de nouvelles cités, veut les déposséder de leur village ancestral, en usant d’entourloupettes.
Il y a plusieurs mois, la Société nationale immobilière (SNI), bras séculier de l’État gabonais en matière d’aménagement foncier et de logement, a implanté à Essassa, dans le 2e arrondissement de Ntoum, une pancarte annonçant le Lotissement d’Essassa. Elle indiquait que «la parcelle n° _20ZSA/102 C56/119 ZS5» était sa propriété et invitait les populations à se rendre à son siège pour plus d’information. Il n’en fallait pas plus pour provoquer une levée bouclier de la part des riverains de cette zone située Derrière le Complexe Berthe et Jean. Aucun occupant des terrains sur cette parcelle n’entend «se faire exproprier». D’où les nombreuses réunions de crise et appels au Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) et particulièrement à son chef le président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema.
Pour la SNI, le projet à réaliser sur cette zone englobe des constructions d’infrastructures de développement en vue de la modernisation de la ville. Sauf qu’elle se heurte à la protestation de ces populations. Certains assurent être installés sur ces parcelles depuis plus d’une cinquantaine d’années et se demandent comment la SNI peut prétendre en être propriétaire.
Mieux, ils rappellent avoir déjà cédé, «à contrecœur», leurs terres du côté où se trouve la Zone d’investissement spécial (Zis) de Nkok. «Essassa avait déjà concédé toute la partie gauche qu’on appelle Olam aujourd’hui. C’est la mort dans l’âme que nous avons dû accepter l’arrivée d’Olam. Parce que cela nous a coupés de toutes nos ressources, de l’autre côté. Nous nous sommes dit, tant qu’à faire, c’est le développement ! Nous allons nous rabattre de l’autre côté, derrière Berthe et Jean», a relaté le président du Collectif des notables, Marie-Léon Renami-Obiang.
Le notable explique également qu’arrivées là, des entités privées voulant se partager de cette zone jusqu’au bras de mer leur présentent un projet de 415 hectares. «Nous avons l’impression que nous allons subir le diktat de la SNI. C’est ce que nous refusons parce qu’avant la SNI qui s’est pointée en 2021, il y a depuis 2011 quatre projets qui n’ont pas vu le jour», a rappelé le notable. «Avec l’arrivée des émergents, ajoute-t-il, c’était chaque année son projet. Et la seule localité qui a été identifiée, c’est Essassa. Cette entreprise n’a vécu que deux ans. De quel actif va se prévaloir la SNI quand on sait que la SNLS n’a pas pu vivre ?»
Tout ce qu’ils demandent aujourd’hui, précise-t-il, «c’est que la SNI en tant que société citoyenne vienne vers nous pour une assemblée générale pour nous dire le bien-fondé de ces projets. Mais, avant tout de nous présenter les titres fonciers dont il est question».
Les occupants de cette localité indiquent avoir eu trois assemblées générales avec la SNI, sans qu’elles ne puissent apporter des réponses appropriées à leurs questions. Le chef de quartier d’Essassa, Jean Louis Toubiani, note pour sa part, que «la SNI ne veut pas jusqu’alors reconnaître sa façon de faire ne répond à aucune norme. Une réservation foncière n’est pas un titre foncier». «Il aurait fallu que lors de ces trois échanges, que la SNI nous présente, clair et net, leur titre foncier», a-t-il souhaité, faisant remarquer la nécessité d’une Assemblée générale avec la SNI qui permettrait à toutes les parties de mieux cerner cette affaire et de savoir vers quelle destination ils voguent.
Le directeur général de la SNI, Herman Kamonomono, s’expliquant sur la question chez nos confrères de Gabon 24 indique que «ce n’est pas la mission de la SNI d’expulser les compatriotes». Il insiste sur le fait que «la SNI est détentrice d’un titre foncier d’environ 1600 hectares. Elle initie un projet qui rentre dans le cadre de ses missions. Un projet de restructuration du tissu urbain et de régularisation des situations d’occupations des sols par nos compatriotes».