Les participants au Dialogue national inclusif d’avril seront-ils tentés de modifier le chronogramme de la Transition qui fixe la durée de cette période exceptionnelle à 2 ans ? La question taraude bien d’esprits d’autant plus que l’une des principales missions de cette rencontre qui se tiendra, du 2 au 30 avril 2024, est de fixer la durée de la Transition.
Par décret n°0115/PT-PR/MRI du 8 mars 2024, le président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, a convoqué le Dialogue national inclusif, du 2 au 30 avril. Cette rencontre aura deux principales missions : fixer la durée de la Transition d’une part, et d’autre part, proposer l’organisation politique, économique et sociale de la Nation après la Transition. Alors que la question de la durée de la Transition dans le pays a animé bien de conversations avant l’annonce du chronogramme qui limite cette période exceptionnelle à 2 ans, le débat devrait ressurgir. Les participants à ce Dialogue national inclusif seront-ils tentés de modifier le chronogramme de la Transition ? Rien n’est moins sûr.
Il était, pour ainsi dire, indicatif et prévoyait la fin de la Transition en 2025 à l’issue des élections. Ce qui implique que le général président rende le pouvoir aux civils après cette période de 2 ans, à défaut de se positionner sur la ligne de départ dans la course à la présidentielle, attendue à l’issue de cette période de Transition. La Charte de la Transition ne l’exclut pas, en effet.
Selon des sources bien introduites, l’annonce de chronogramme avec à la clé, la limitation à deux ans de la fin de la Transition, avait été motivée par la pression des bailleurs de fonds et certains partenaires du Gabon qui conditionnaient le maintien de leurs différents partenariats avec le Gabon par un retour à l’ordre constitutionnel.
De grands projets jugés irréalisables en 2 ans
La présentation du chronogramme et son exécution progressive a d’ailleurs aidé le pays après le coup d’État, à l’origine de cette période exceptionnelle, à se présenter sous de meilleurs auspices. Qu’à-cela ne tienne, le Dialogue attendu se chargera d’effectuer un diagnostic aussi précis que possible de la situation institutionnelle sociale et économique de la Nation ; proposer des orientations appropriées en vue de conduire la Nation vers une démocratie et un État de droit véritables ; arrêter et définir les grands principes d’organisation de l’État et des pouvoirs publics ; énoncer toutes les mesures susceptibles d’assurer la réalisation de la justice sociale ; consigner toutes les valeurs communes déterminant le vivre-ensemble du peuple gabonais.
A la fin des travaux, le bureau dressera un rapport à transmettre à Brice Clotaire Oligui Nguema chargé d’en faire assurer la formalisation et l’exécution sous formes de lois et règlements. Alors que le général-président est soupçonné de vouloir «s’accrocher au pouvoir après l’acte salvateur du 30 août 2023», que plusieurs participants à cette rencontre sont considérés comme acquis à sa cause, que les partis politiques n’auront qu’un représentant par formation politique, que l’homme nourrit pour le Gabon de grands projets jugés par certains, irréalisables en deux ans, des yeux sont donc rivés vers la décision relative à la durée de la Transition. Cette décision devrait, sans aucun doute, représenter le moment historique du Gabon en cette période de Transition et permettre d’apprécier le rapport au pouvoir des gouvernants actuels.