Le décès à Port-Gentil dans des circonstances encore troubles de Lionel Rokewa, 25 ans, a donné lieu à l’ouverture d’une enquête, a annoncé lundi au soir le procureur de la République Pierre Johsan Aperano Essongue. Le jeune homme avait été interpellé la veille par des agents des forces de l’ordre chargés de faire respecter le couvre-feu. Nouvelle bavure ?
Lundi 18 décembre au petit matin, le corps sans vie de Lionel Rokewa, 25 ans et sans emploi, a été trouvé au Quartier Chique, dans la commune de Port-Gentil. Quelques heures plus tôt, dimanche à minuit, pour avoir brûlé le couvre-feu, il avait été interpellé par des agents des forces de l’ordre avec lesquels il aurait eu une altercation. Le décès du jeune homme serait-il survenu après cette interpellation ? Pour la famille du disparu, il ne fait aucun doute. Sur les réseaux sociaux, confortés par des témoignages, beaucoup évoquent une nouvelle bavure des militaires. Au palais de justice, on est bien moins catégorique.
Dans une déclaration faite à la presse lundi au soir, le procureur de la République a annoncé que, «les circonstances exactes du décès n’étant pas encore connues, une enquête a été ouverte par le parquet de Port-Gentil aux fins d’en déterminer les réelles causes, conformément aux dispositions légales».
Recherche des coupables et maintien du couvre-feu
Si certains, y compris en-dehors de la capitale économique du pays, ont tôt fait de soupçonner les autorités judiciaires de vouloir étouffer l’affaire, d’autant que celle-ci implique des militaires, Pierre Johsan Aperano Essongue assure que «toute la lumière sera faite sur les circonstances de ce malheureux incident». Le magistrat, qui dit avoir échangé avec des membres de la famille du disparu, leur en a fait la promesse.
Le décès du jeune compatriote étant vraisemblablement survenu pendant les heures du couvre-feu, le procureur de Port-Gentil a tenu à préciser que la mesure décidée par le président de la Transition est maintenue. Il a également expliqué que celle-ci rentre dans le cadre de la lutte contre la recrudescence des actes de délinquance dans la commune. C’est d’ailleurs au cours d’une des opérations menées par les forces de défense et de sécurité que le défunt a été interpellé avec 8 autres contrevenants avant que son corps sans vie soit retrouvé à proximité non loin de la maison de pompes funèbres Casep-Ga.
Ce décès est le deuxième attribué aux militaires depuis la mise en place du couvre-feu. Le précédent a eu lieu à Libreville, le 13 octobre dernier. Les auteurs présumés ont récemment été identifiés et placés en détention provisoire après l’ouverture d’une enquête des militaires quelques semaines plus tôt. Espérons que cette nouvelle affaire connaisse la même suite.