Réforme, réconciliation, renouveau… «une occasion en or de refonder la République gabonaise». Dans sa contribution au dialogue national d’avril 2024, Dieudonné Minlama Mintogo propose des réformes radicales allant de la refonte constitutionnelle à la réconciliation nationale, envisageant un avenir dans lequel la justice et l’équité redéfinissent la gouvernance gabonaise. Sa proposition pour «consolider la paix et réconcilier les peuples» au Gabon mérite une vive attention.
Répondant à l’appel à contributions en vue de la préparation du dialogue national devant se tenir en avril 2024, Dieudonné Minlama Mintogo, président du Mouvement Ensemble pour la République, a envoyé au ministère de la Réforme des institutions, sa contribution. Dans celle-ci, il plaide pour une refonte en profondeur des institutions gabonaises. L’ancien candidat à la présidentielle de 2016 appelle à «doter le pays d’une Constitution et des Institutions démocratiques stables et solides».
«Après l’échec de 1990, la transition politique que CRTI nous offre aujourd’hui est, à mes yeux, une aubaine, une occasion à ne pas manquer, une occasion en or», estime d’emblée Dieudonné Minlama Mintogo dans sa contribution au dialogue national annoncé. Pour l’ancien candidat à la présidentielle de 2016, cette transition doit permettre «de définir ensemble les bases d’un nouveau Gabon plus juste, plus stable, plus développé et plus équitable». Un vaste programme qu’il décline en propositions pour une réforme constitutionnelle de grande ampleur.
Réformes constitutionnelles
Sur le plan institutionnel, Minlama Mintogo juge qu’«au fur et à mesure, notre Constitution est devenue une coquille vide. (…) Désormais elle n’assure plus que la prédominance de la présidence de la République sur les autres institutions, l’éternité au pouvoir, la domination de la minorité sur la majorité». Aussi plaide-t-il pour «assurer les alternances pacifiques au pouvoir» en limitant à deux le nombre de mandats présidentiels et en rétablissant le scrutin majoritaire à deux tours. Il suggère aussi d’élire le président en ticket avec son vice-président «pour régler la question de la vacance du pouvoir».
Il suggère également de durcir les conditions de révision constitutionnelle, qui ne pourrait se faire que par référendum à 80% de votes favorables concernant la limitation des mandats, le fonctionnement des institutions ou le type de scrutin.
Le fondateur de l’Observatoire national de la démocratie au Gabon veut aussi «assurer l’équilibre institutionnel» en réformant en profondeur la Cour constitutionnelle et la Haute autorité de la communication (HAC), avec notamment le suffrage universel pour désigner leurs membres. Des institutions comme le Conseil national de la démocratie (CND) sont, selon lui, devenus des «gouffres à ressources» et devraient être supprimées, quand d’autres méritent d’être créées comme le Haut conseil des acteurs non étatiques ou le Conseil national du dialogue social.
Le dispositif électoral
Au niveau électoral, l’ancien candidat réclame ni plus ni moins qu’un «nouveau découpage administratif» pour corriger les inégalités de représentativité entre provinces. Il préconise aussi une refonte du Centre gabonais des élections (CGE) pour le transformer en une «commission pluripartiste» et lui retirer la présidence, qui reviendrait au clergé.
Minlama Mintogo appelle à revenir à un scrutin majoritaire à deux tours pour la présidentielle et les législatives et l’amélioration du fichier électoral par la biométrie.
Paix, vivre-ensemble et réconciliation
Dans sa contribution pour le dialogue national, Dieudonné Minlama a également développé plusieurs propositions pour «consolider la paix et réconcilier les peuples» au Gabon. Conscient des dérives du régime Bongo, l’ancien candidat à la présidentielle plaide pour que les victimes ne soient pas oubliées. Il réclame ainsi en premier lieu la mise en place d’une «Commission d’identification et d’évaluation des préjudices et victimes des violences politiques et institutionnelles» de 1990 à 2023. Une instance qui serait chargée de documenter et reconnaître les exactions commises durant les mandats d’Omar Bongo et de son fils Ali.
L’objectif étant notamment de tirer un bilan factuel et impartial des dramatiques répressions des manifestations populaires de 2009 à Port-Gentil et de 2016 à Libreville, lorsque l’armée avait violemment maté les contestations post-électorales. Des épisodes meurtriers encore tabous qu’il s’agit de mettre en lumière.
Pour accompagner ce travail de vérité, M. Minlama Mintogo propose également la «création d’un Fonds spécial pour la Réparation et la Réconciliation nationale», qui serait doté de 0,5% du budget de l’État pendant cinq ans. Ce fonds servirait à dédommager ou indemniser toutes les victimes de violences politiques sur cette période. Des mesures de justice réparatrice ambitieuses pour panser les plaies du passé et tourner la page des années Bongo, afin de réconcilier politiques, institutions et citoyens.
Bref, une feuille de route globale pour faire table rase du passé et jeter les bases d’une nouvelle République. Car pour Dieudonné Minlama, cette transition est bien «une occasion en or» qu’il ne faut pas laisser passer.