Alors que les syndicalistes de la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG) ont décidé, le 8 décembre, de lancer un mouvement de grève jusqu’à nouvel ordre, faute de paiement de leur treizième mois, le président de la transition s’est voulu intransigeant : «Que nous on soit dans le noir, je verrai là où ils seront». Brandissant l’État d’exception, le général de brigade s’oppose à ce type de mouvement d’humeur et promet de les traquer.
«Que nous on soit dans le noir, je verrai là où ils seront», à travers ces mots lancés à Ndendé dans la province de la Ngounié où il a expliqué aux populations de l’arrière-pays les raisons du «coup de liberté», le président de la transition a prévenu les agents grévistes de la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG), particulièrement les syndicalistes ayant opté pour un mouvement de grève «jusqu’à nouvel ordre». A l’origine de cette montée de tension, une note de service datée du 8 décembre privant de leur 13ème mois, cette année, les agents du monopoleur de l’eau et de l’électricité dans le pays.
Entre plaintes des usagers, problèmes de trésorerie et déclarations du président du Conseil d’administration de cette société qui, après une rencontre avec le Premier ministre de la transition en octobre dernier, dénonçait un problème de rendement et d’efficacité concernant entre autres, la gestion des agents, ceux-ci estiment avoir fourni trop d’efforts tout au long de l’année. Ils s’attendaient donc à percevoir ce 13ème mois le 8 décembre 2023 conformément, disent-ils, à un chronogramme établi mais la direction générale aurait finalement opté pour le paiement des prestataires et fournisseurs. Après des échanges infructueux avec la direction générale, ils ont décidé de ne plus travailler jusqu’à nouvel ordre.
Le Gabon en «Etat d’exception»
Survint, dans ce contexte, la menace de Brice Clotaire Oligui Nguema. Le général de brigade pour rappel à leur endroit, a raconté l’anecdote des étudiants de l’USTM qui, en 1988, après avoir fait du désordre ont été traqués par l’armée et rattrapés par les forces de l’ordre pour les obliger à effectuer le service militaire. Il s’est voulu intransigeant. «Alors, qu’ils nous mettent tous dans le noir et je verrai là où ils seront», a-t-il lâché. «J’ai ici les services de renseignement», a-t-i prévenu donnant l’ordre de sortir des fiches sur chacun des agents grévistes. «Ce syndicat qui se croit plus fort que l’État. Je veux des fiches. Là où ils habitent, et ils comprendront», a-t-il déclaré. «On va aller les chercher maison par maison», a poursuivi le général de brigade.
Agacé, Oligui Nguema qui a rappelé que plusieurs diplômés dans le pays sont en quête d’emploi, n’en voulant pour preuve que les 100 000 demandes d’emplois récemment déposés à la Fonction publique parmi lesquels «des ingénieurs», s’est emporté en affirmant «c’est pas 2 500 agents qui vont nous emmerder». «Ils ne veulent pas travailler, ils vont au civil on les remplace par d’autres gabonais qui veulent travailler», a-t-il martelé. Alors que le pays, depuis le 30 août, est dirigé par des militaires qui songent à rendre le pouvoir aux civils en août 2025, le président de la transition semble ne pas s’accommoder de ce type de mouvement. «Ils n’ont pas encore compris la notion du changement. Je l’ai dit, nous sommes dans un état d’exception», a-t-il dit d’un ton ferme.