Assise stoïquement sous le soleil de plomb, Patience Dabany, 82 ans, mère du président déchu Ali Bongo, a observé, ce 29 novembre, un sit-in solitaire et déterminé devant la résidence de son fils à La Sablière. Un acte à la fois mystérieux et chargé de symboles. Que révèle ce geste poignant d’une mère face à l’adversité politique frappant son enfant ? Derrière la silhouette frêle de La Mama se dessine peut-être la persistance indomptable d’un amour maternel traversant les âges et les bouleversements du pouvoir.
En novembre 2014, le Gabon était agité par une controverse consécutive à la publication du livre de Pierre Péan sur les origines supposées d’Ali Bongo et aux doutes sur l’acte de naissance de ce dernier. C’est dans ce contexte que Patience Dabany, affectueusement surnommée La Mama par les Gabonais, chantait «L’Amour d’une Mère» qui ne s’éteint jamais. Neuf ans plus tard, en ce 29ème jour de novembre 2023, elle réitère cet amour inébranlable dans un geste de protestation à la fois solitaire et poignant.
Devant la résidence d’Ali Bongo à La Sablière, quartier huppé de la banlieue nord de Libreville, Patience Dabany, mère président déchu, s’est installée pour un sit-in inattendu. Drapée d’une robe blanche, elle a siègé stoïquement sous le soleil brûlant, face au dispositif de sécurité, symbolisé par un camion blindé de la Garde républicaine. À ses côtés, une Toyota Land Cruiser V8 abritant son chauffeur et aide de camp du soleil accablant.
Tupperwares habituels
La scène insolite a suscité la curiosité et l’étonnement des automobilistes et passants. Son action d’aujourd’hui était enveloppée de mystère, même si pour ses proches, elle venait régulièrement dans cette demeure, portant des mets préparés pour son fils. «Ces derniers temps, elle fait à manger et l’apporte régulièrement à Ali Bongo dans cette même résidence. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé aujourd’hui», confie perplexe un membre de son entourage, joint au téléphone et rappelant que durant les cinq dernières années La Mama était empêchée d’accès à son fils alors président de la République.
Au cours de son long sit-in solitaire, l’ancienne première dame du Gabon sous Omar Bongo aurait appelé toute sa parenté à la rejoindre, affirmant avec détermination : «Ce qui arrivera, arrivera !», faisant littéralement de son sit-in un symbole de résistance familiale. Même version de la part d’un membre de son écurie de production musicale : «elle va pourtant régulièrement voir son fils à La Sablière depuis qu’il a perdu le pouvoir. C’est à ne rien comprendre !». Que s’est-il donc passé ce 29 novembre pouvant justifier ce sit-in solitaire ?
Sylvia Bongo Ondimba ?!
En parallèle, des rumeurs, supputations et extrapolations ont circulé faisant état de la main noire de Sylvia Bongo, l’épouse d’Ali Bongo. Il s’est raconté que recevant depuis un moment des visiteurs à Sans-Famille, la prison de Libreville où elle trouve, l’ex-première dame n’aurait pas apprécié les visites de Patience Dabany à Ali Bongo, surtout pas les tupperwares qu’elle lui apporte. Elle pourrait donc avoir envoyé un message pour bloquer ces visites et rationnements. Hypothèse aussi improbable que surréaliste, car signifiant que, même incarcérée, Sylvia Bongo jouit encore d’une influence lui permettant de donner ordres et consignes à la Garde républicaine.
Cet événement survient alors que le président de la transition gabonaise s’est envolé pour Dubaï afin de participer à la Cop28. La présence déterminée de Patience Dabany, malgré son âge avancé de 82 ans, interroge sur la perception du risque qu’elle pourrait représenter pour le nouveau pouvoir. Mais peut-être que la véritable force de Patience Dabany réside dans son amour maternel indomptable, un amour qui défie les pesanteurs du temps et des circonstances politiques, même sous le ciel implacable de La Sablière ce mercredi.