En décidant de réhabiliter le Conseil économique, social et environnemental (CESE) après l’avoir dissous par l’effet du coup d’État de fin août dernier, le CTRI, qui prétendait vouloir réduire le train de vie de l’État, n’a-t-il pas plutôt envoyé un message contraire ? À quoi serviront réellement les 60 membres récemment nommés au sein de cette institution dont l’importance reste à prouver ?
Depuis le samedi 18 novembre dernier, toutes les personnalités devant siéger au sein du CESE sont connues. À la suite des sept membres du bureau conduit par Séraphin Moundounga, nommés le 25 octobre dernier, 53 autres compatriotes issus du monde associatif, syndical, patronal, des confessions religieuses et des organisations de cultes traditionnels sont venus s’ajouter à la liste. Ils sont donc désormais un total de 60 membres.
Si cet effectif est déjà plus supportable que celui de l’Assemblée du Conseil, l’organe de décision de l’institution, qui comptait initialement 99 membres titulaires et autant de membres suppléants, soit 198 membres, celui-ci est encore jugé excessif. Au regard du contexte actuel, beaucoup s’accordent à dire qu’il n’en fallait pas autant. D’autant plus que depuis sa session inaugurale du 13 mai 1963, le CESE ne s’est pas montré si utile, au point que des voix se sont déjà plus d’une fois élevées pour demander sa suppression pure et simple. Ces 14 dernières années, bien plus qu’auparavant, le pouvoir en a surtout fait une structure permettant de «caser» certains copains et coquins.
Et là réduction du train de vie de l’État ?
Si le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) a trouvé nécessaire la réhabilitation du CESE, il aurait tout aussi pu coller avec une de ses ambitions : la réduction du train de vie de l’État. Cette institution qui peine à prouver sa véritable importance depuis plusieurs décennies aurait pu fonctionner avec beaucoup moins de membres. En effet, en plus des sept membres du Bureau du Conseil, qui est l’organe d’exécution, une trentaine de membres tout au plus auraient fait l’affaire, auxquels seraient adjoints les anciens vice-présidents de la République, les anciens Premiers ministres et les anciens présidents de chambre du Parlement, tous membres de droit du CESE, conformément à la Constitution. À ses débuts, l’ancien CES comptait 25 membres en tout.
Un retour à cet effectif aurait indéniablement coûté beaucoup moins cher au contribuable. Il aurait surtout parfaitement cadré aux préoccupations affichées par la junte au pouvoir. Seulement, trois mois après le putsch, le CTRI semble désormais s’évertuer à envoyer des messages contraires, voire totalement contradictoires, au risque de se mettre à dos une opinion nationale pourtant acquise à sa cause jusqu’à lors.
Pour rappel, à l’instar du Conseil national de la démocratie (CND), le Conseil économique, social et environnemental (CESE) est une institution dont le rôle est purement consultatif. Si toutes les deux sont supposées apporter leur concours à l’État dans la résolution des problèmes politiques, économiques, sociaux et culturels, ni l’une ni l’autre n’est parvenue à acquérir une véritable attention de la part des autorités. Les coupes budgétaires, les retards de paiement de subventions et les plaintes répétées des différents présidents de ces deux institutions ont dévoilé au jour le désintérêt à peine voilé de l’Exécutif à leur égard. En quoi seraient-elles plus importantes dans le cadre de cette transition au cours de laquelle une concertation nationale abordant tous les domaines de la vie des Gabonais est déjà prévue ?