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Le PDG dans la transition : Un boulet pour le CTRI ?
Publié le mardi 14 novembre 2023  |  Gabon Review
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© Autre presse par DR
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L’histoire devrait inciter le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) à limiter l’influence des ténors du Parti démocratique gabonais (PDG) et à leur recommander une période de viduité.

Si le putsch suppose une neutralisation des organes centraux de l’Etat, l’attitude des chantres du système déchu a quelque chose d’alarmant. Dans les coulisses de la présidence de la République, du gouvernement, du Parlement ou de la haute administration, les cadres du Parti démocratique gabonais (PDG) laissent le sentiment de n’avoir nullement réfléchi à la portée du coup d’Etat. À certains égards, ils donnent l’impression d’y voir une simple péripétie, un changement sans grande signification politique. «Nous sommes disposés à participer à la transition, notamment à la restructuration des institutions», proclamait leur secrétaire général adjoint le 9 septembre dernier, ajoutant : «Nous sommes un parti expérimenté», avant de conclure : «Tous les Gabonais (doivent accompagner) la transition (…) Une animosité par rapport au PDG n’aurait aucune valeur ajoutée».

Lignes de fracture

Comme nombre de ses coreligionnaires, Luc Oyoubi semble ne s’être posé aucune question sur les errements de son parti. Encore moins sur sa responsabilité individuelle dans l’enracinement de cette «gouvernance irresponsable, imprévisible» dénoncée par le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI). Peu acquis à l’idée d’une introspection, il croit devoir mettre son expérience supposée à contribution, quitte à gêner le renouvellement de la pratique politique. Humainement et intellectuellement, cette posture se comprend et s’explique, notamment par la volonté de survie. Mais, à trop insister sur leur longévité aux affaires, il fait comme si le coup de force ne disait rien de leurs méthodes et de leur bilan, le vidant ainsi de tout sens. A trop chercher à jouer les premiers rôles, il se comporte comme si la liesse populaire du 30 août ne disait rien des lignes de fracture nées de leur arrogance.

Que peuvent apporter les ténors du PDG au CTRI ? Une maîtrise du fonctionnement des institutions ? Une tradition des joutes politiques ? Ou l’élargissement du soutien populaire ? Loin de toute volonté d’excommunication, ces questions font sens. Pour mémoire, on a vu ces compatriotes cautionner les transgressions de la défunte Association des jeunes émergents volontaires (Ajev), avant de se muer en relais de Nourredin Bongo Valentin et sa «young team». On les a vu prendre une part active à toutes les initiatives de Sylvia Bongo, sans se poser des questions sur leur bien-fondé ou le statut de l’initiatrice. On les a vu modifier la Constitution avec une rare célérité ou voter les lois les plus scélérates, sans se soucier du vivre-ensemble. On les a même vu faire l’apologie du trucage électoral, de la prévarication ou s’adonner au pillage des ressources. Pourquoi en irait-il autrement ? Ne peuvent-ils pas devenir un boulet pour la transition ? Voire…

L’esprit de cour

Ni l’histoire immédiate ni celle un peu plus lointaine ne plaident en faveur du PDG et ses ténors. Si on doit leur reconnaître le droit de s’amender, on doit les inviter à un examen de conscience, individuel et collectif. Or, ils n’en prennent pas le chemin, nombre d’entre eux ayant été nommés sans avoir observé une période de viduité ni engagé une réflexion sur les années Bongo. Ayant entériné trois modifications constitutionnelles en cinq ans, ils semblent accorder peu de valeur à la Loi fondamentale. Sont-ils les mieux indiqués pour réfléchir à la prochaine ? Peuvent-ils se battre pour la sanctuariser ou, tout au moins, y protéger certaines dispositions ? Ayant accepté de déconstruire le système électoral tout en justifiant cette bizarrerie curieusement nommée «bulletin unique», peuvent-ils se pencher sur cette question avec froideur, loin de calculs bassement personnels ? Ayant bâti leurs carrières sur la fraude et la répression, peuvent-ils militer pour des «élections démocratiques dans un environnement apaisé» ? De bonne foi, on les imagine mal reprogrammant leur logiciel.

Et pourtant, en dénonçant une «grave crise institutionnelle, politique, économique et sociale» lors de sa première apparition publique, le CTRI indexa la gouvernance hérétique du PDG. En déplorant une descente dans «les abymes de l’Etat de non-droit caractérisé par la violation permanente des droits fondamentaux des citoyens, le mépris des principes démocratiques et la domination d’une petite caste», il enfonçait la clou. Dans l’un et l’autre des cas, il engageait la responsabilité des élites PDG, s’élevant contre l’esprit de cour propre à nombre d’entre eux. Or, nulle part au monde, les courtisans n’ont œuvré à l’enracinement de la démocratie et de l’Etat de droit. A travers l’histoire, ils ont toujours contribué à la naissance d’autocraties. Pour restaurer les institutions, il faut nécessairement limiter leur influence.
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