Libreville – L’institution de la levée et de la descente des couleurs, l’exécution de l’hymne national dans les établissements scolaires, la réduction des indemnités des parlementaires et le renoncement à certains avantages présidentiels visent à ramener l’orthodoxie dans une société en mal de ses valeurs.
Ce sont des annonces qui ont suscité admiration et espoir au sein de l’opinion au cours des semaines précédentes. Contre toute attente, le chef de l’Etat a pris une série de mesures courageuses allant dans le sens du redressement des comportements sur l’espace public au Gabon. En décidant de siffler la recréation devant l’incivisme et la gabegie qui, chaque jour, commençaient à s’ériger en normes, Brice Clotaire Oligui Nguema est sorti de ses gongs pour donner un coup de pied dans la fourmilière.
Ce retour à l’orthodoxie passe nécessairement par une sensibilisation de la jeunesse au patriotisme. Désormais au Gabon, les établissements scolaires devront procéder à la levée des couleurs et à l’exécution de l’hymne national. « Ces actes patriotiques seront exécutés tous les lundis matin avant le début des classes, pour la levée des couleurs ; et les vendredis à la sortie des cours, pour leur descente », a indiqué le colonel Ulrich Manfoumbi Manfoumbi, porte-parole du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI). Comme pour prêcher par l’exemple, le chef de l’Etat en personne est descendu le 23 octobre dernier au CES d’application Nelson Mandela de Libreville pour sacrifier à ce rituel républicain. Par cet acte, Brice Clotaire Oligui Nguema entendait ainsi inculquer à ses jeunes concitoyens les valeurs patriotiques et la fierté d’appartenir à un pays : le Gabon
La fin des privilèges
Dans l’optique de réduire le train de vie de l’Etat, les plus hautes institutions de la République n’ont pas été épargnées par les dernières mesures d’austérité initiées par le numéro un gabonais. C’est dans cet élan qu’il a décidé de revoir à la baisse les indemnités accordées aux membres du Parlement. Celles-ci portent notamment sur « la suppression des fonds politiques », « la suppression de la prime de transport du 17 août » et « la réduction de moitié de l’indemnité de session ». Un rapport de l’analyste Mays Mouissi, par ailleurs ministre de l’Économie, daté de 2018 fait état de ce que ladite indemnité serait comprise entre 1,7 et 1,8 million de F par mois. En plus des 40 000 F par jour de session à l’Assemblée nationale ou au Sénat, soit 7 millions de F par an en moyenne et 1 million de F annuel de prime de transport alloués à chaque parlementaire.
Dans cette logique, Brice Clotaire Oligui Nguema a décidé le 18 octobre dernier de « renoncer à son traitement de président de la République en ne conservant que son traitement de commandant en chef de la garde républicaine ». A en croire le porte-parole de la CTRI, cette décision a été motivée « l’état de dégradation générale du pays et des finances publiques en particulier, victimes d’une véritable furie criminelle ». C’est donc, selon Ulrich Manfoumbi Manfoumbi que le chef de l’Etat, « conscient des urgences sociales et des nombreuses attentes du peuple gabonais » a pris cette décision. Pour beaucoup, il était temps que de telles mesures courageuses soient prises pour un retour afin de mettre un terme à la normalisation de l’écart qui commençait à prendre des proportions inquiétantes au Gabon.