En proie à des tensions récurrentes, l’Université Omar Bongo se meurt. Et pourtant, pour y avoir étudié, une bonne partie de son corps enseignant connaît les problèmes dont elle souffre. De quoi s’interroger sur les raisons profondes de cet état de fait.
Si les mouvements d’humeur et d’arrêt des cours à répétition ne sont pas propres et spécifiques à l’UOB, il n’en demeure pas moins que dans le cas d’espèce, cette institution peut revendiquer la palme d’or ou le titre de l’université la «plus tourmentée en Afrique». Car, depuis près d’un quart de siècle, rares ont été les périodes où elle a connu la sérénité durant toute une année académique.
En effet, depuis 1990, l’Université Omar Bongo évolue dans une atmosphère mouvementée faite, chaque année, de grèves sporadiques des enseignants, étudiants et du personnel, aboutissant parfois à des fermetures de longue durée. Ayant formé et continuant de former des élites du pays, cette institution serait loin de jouir et de profiter de la gratitude et de la reconnaissance de ces hommes et femmes qu’elle a accueilli et qui, aujourd’hui, devraient réfléchir sur les stratégies pour améliorer ses conditions d’existence.
A l’UOB, les enseignants ne se gênent pas pour déconsidérer les étudiants ou les sous-évaluer. Généralement, ils établissent des parallèles pas toujours objectifs entre leurs époques et l’actuelle. «Vous vous n’apprenez pas ici, vous n’avez pas de niveau. Quand nous, nous étions étudiants, nous étions des cracks», clament-ils souvent avec exubérance et ostentation.
Etrange situation que celle de constater à ses dépens que ce sont ces «anciens cracks» ou «major de promotion» qui n’hésitent pas à développer ou à entretenir l’état pléthorique des amphithéâtres à travers leur système d’évaluation «entonnoir», élaboré sur des critères que seuls eux-mêmes maîtrisent réellement.
Comment peut-on justifier qu’une fois de retour dans ce temple du savoir sous le statut d’«enseignant», les anciens étudiants se complaisent à perpétrer ce qu’ils dénonçaient par le passé, favorisant ainsi des redoublements à des proportions inquiétantes ? Comment une seule institution peut-elle compromettre l’avenir d’une jeunesse en quête d’épanouissement sans que les «hautes autorités» ne s’émeuvent ? Ces situations de grèves incessantes, de taux de redoublement inexplicable devenu ne peuvent-elles pas trouver des solutions définitives et pérennes ? Des questions, toujours et encore….